« Mignonne… »
Mignonne, allons voir si la rose 

Qui ce matin avait déclose

Sa robe de pourpre  au Soleil,

A point perdu cette vêprée 

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las ! las ses beautés laissé choir !

Ô vraiment marâtre Nature,

Puis qu'une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que votre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez pour jeunesse :

Comme à ceste fleur la vieillesse

Fera ternir votre beauté.

Pierre de Ronsard - Les Odes - 1550