L’homme idéal. Celui que j’avais nié sans l’oublier. Occulté sans le quitter. Le porteur de vie. L’amoureux. Pas un jeune premier, non.
Un homme d’âge égal au mien. De force égale. Un sans morale et sans loi. Un fait pour moi.
Je l’avais rencontré avant de le regarder.
Je l’avais reconnu et aimé avant de le connaitre. Les magazines appellent ça « un coup de foudre » et le déclinent en différents stades,
qui parlent au mieux d’inconscient, au pire de taux d’hormones aux noms d’étranges, de processus en trois étapes et de scénario écrit à l’avance.
C’est le triste monde des rubriques. Poésie de dictionnaire. Chambre de dissection.
Ecoutez, si le coup de foudre, cet amour à vivre qui vous a fécondé en secret,
cette fusion de deux êtres qui ignore jusqu’à leur prénoms et leur place dans le monde, si cet évènement est possiblement
analysable entre les lamelles des microscopes, alors c’est que l'homme n’est rien qu’une somme d’atomes. Rien qu’un amas.
Une addition. Une mélasse. Un ectoplasme. Et je me demande alors ce que nous cherchons à atteindre lorsque nous travaillons Alceste,
Hamlet, Lucrèce ou Camille. De quels gouffres ils nous menacent. De quelles terreurs ils nous gardent. »
Véronique Olmi - J’aimais mieux quand c’était toi - 2015