À la fin de mon séjour dans la zone noire je commence à activer mon corps. Le désir de le préparer à la confrontation avec le réel extérieur est là, mais le corps n'est pas encore prêt. Je commence une série d'entrainements. La première phase consiste à réunir moi-même non corporelle avec moi-même corporelle.
Il semble que retrouver cet équilibre est possible par l'exercice d'une présence consciente solitaire.
La deuxième phase est celle de l'interaction corporelle à deux. Il s'agit d'un autre il ou elle-même corporel réunit avec son il ou elle-même non corporel qui a pris la décision de déclencher le même processus d'activation que moi. Dans ce cadre nous inventons une série de protocoles qui prend la forme des courtes actions d'une activation mutuelle. Nous mettons en place quelques règles:
pas de code vestimentaire: nous ne souhaitons pas rentrer dans des rôles, incarner des personnages, nous voulons être nous-mêmes et personne d'autre. Nous libérons les gestes. Le scénario n'existe pas. Certes il y a quelques consignes, idées qui indiquent le départ mais le scénario se fait, apparaît pendant l'action.
présence d'un objet: Il n'est pas tout à fait évident d'établir une connexion directe entre les corps dans cette deuxième phase d'entrainement sans recours à un objet connectable. Sa présence invite à son utilisation qui deviendra le prétexte d'établir une connexion. La satisfaction naissante de cette réussite nous conduira à l'usage de nos corps sans connecteur matériel extérieur – ultérieurement.
une trace vidéo, photo: nous servira à analyser l'action.
Sur le vif c'est nous-mêmes corporelles qui étant nos propres capteurs, participeront à cette expérience directe et resentiront avant de comprendre la connexion. Nous aurons besoin d'une image extérieure à cette action. Cela nous séparera de nous-mêmes corporelles pendant l'analyse des images. Nous aurons un point de vue supplémentaire, extérieure mais le nôtre. Nous n'allons pas refaire les mêmes actions au service d'une "meilleure" trace vidéo, photo qui pourrait finalement "plaire" à tous. L'esthétique avec ses normes a programmé les perceptions. (Ceci est une critique. Dans ces traces c'est l'action qui compte. Il s'agit des entrainements dans un espace neutre et fermée.)
Le confort de la zone noire porte un autre visage, d'une mise en veille prolongée. Une fois activée est consciente je procède ainsi – j'en sors. Liberer le corps. Retrouver son usage dans un espace plus large, plus vaste – tel est mon but.
Je me dirige vers les espaces physiques, réels extérieurs – concrètement ruraux et urbains. Je developpe le processus d'activation de moi-même corporelle d'abord dans l'espace extérieure rural. Pourquoi rural? Je dois retrouver l'usage de moi-même corporelle dans le contexte réel, différent de celui des entrainements.
Il est trop tot pour interagir avec l'architecture vivante. Il est aussi trop tot pour prendre le risque d'un conditionnement corporel. Ici, dans l'espace rural extérieur le corps, son comportement reste à l'abri des règles indiquées dans l'espace urbain. Par ces règles je comprends un cadre, omnipresent dans l'espace urbain. Un "bon" citoyen a une "bonne" maitrise de son corps. La ville a ses attentes envers nous et nous ne voulons pas la decevoir...
Ces normes sont representees d'abord par l'architecture dont le dessin est fidèle à une ligne-modèle; invariablement droite! Cette norme est visuellement prolongée dans de déplacements d'éléments d'architecture vivante. (Dans des comportement liees aux deplacements des habitants d'ici.) Nous pouvons pourtant dessiner des nombreuses lignes non-droites! (Appuyez la touche F5)
Je commence l'expérience de mon corps et de ce lieu (l'espace rural). À mon rythme je retrouve l'usage de mon outil premier, avant d'en creer d'autres, exterieurs a cet outil premier – mon corps. Je libère le geste! Je saute, je me roule dans l'herbe. Je souris avec la bouche ouverte et je sens le vent entrer dans ma bouche! Je suis un conscient papalagui, car j'ai retrouvé l'usage total de mon corps! (Tout mon corps est engagé dans l'action.) Les premières actions dans l'espace extérieur ont lieu!
Ici le corps est le médium. Il sculpte, il crée un échantillon issu de ce paysage concret. Cet échantillon devient la preuve tangible de la matérialité du corps et du paysage/territoire parcouru. Cet échantillon peut paraître simple. Sa simplicité, sa quotidienneté – le rend réel et accessible. Sa force, ne demeure t-elle pas dans son évidence? Lève-toi et marche!
Et est-ce-que cette aventure ne serait pas une quête pour retrouver le sens perdu lors des nombreux voyages vers des espaces matériels et non-matériels toujours plus lointain? De questions se posent. Elles engendrent de nouvelles questions. L'aventure continue!
Être en dehors de la zone noire – Explorer des espaces.
Je trace, je dessine. Voudrais-je m'approprier un morceau de ce territoire? Je me sens prête pour aller vers la ville!
le retour
aventure et son déroulement 2
aventure et son déroulement
preparation au voyage