Plus les règles d'un jeu sont simples plus il est probable d'avoir un retour positif à cette invitation implicite. Il n'y a pas de paroles. Le corps active l'objet, l'objet active le corps. C'est une activation mutuelle. Puisque c'est l'espace partagée, l'espace commun qui est ma plateforme de jeu l'objet doit être léger; facilement transportable. Il doit être facilement tenu dans une main. Rentrer dans un sac à dos. Certaines actions sont des moments d'échanges actifs avec l' architecture vivante d'une ville - c'est-à-dire – les habitants et les passants. Ses actions sont ouvertes. (Ils existent aussi des actions fermees avec le niveau inferieur de ma propre activation corporelle.) L'invitation est en général implicite. La participation se fait ou ne se fait pas. Ce n'est pas grave. L'objet se range facilement dans le sac. Si les participants ne sont pas ici, ils seront probablement un peu plus loin : près d'une station de metro, d’une rue mais toujours dans cette-même ville.
Je comprends, malgré le fait que la non-participation active me déçoit légèrement, que le corps de non-participant actif est son outil et non pas le mien. Nous ne sommes pas synchronisés par rapport au stade d'activation et de conscience corporelle. Mon moment de jeu ne sera pas le sien. Pas aujourd'hui. Le jeu n'est pas un produit mais un événement. L'endroit, l'heure ne sont pas indiqués au préalable. Et cela ne changera pas.
Je garde les objets connectables pour les futures utilisations. Rejouer – voici la raison!
La plupart de ses objets sont issus d'un savoir-faire manuel. D'un partage, d'une transmission directe (de plus en plus rare aujourd'hui) Si l objet connectable est préparé avant que l'action a lieu, dans ce cas il est bien realisé de point de vue technique. Mais si le but de mon action est de réaliser un objet dans l'immédiateté, au coeur de l'univers concret, c'est l'action, la présence active des participants et pas la finalité technique de l'objet qui compte et qui devient l'oeuvre. Le résultat – je parle de l'objet – peut-être même "miserable".
Réaliser l'objet est le prétexte d'activer son corps et créer un dialogue avec d'autres corps. Cette étape a lieu pendant les entrainements hors l'espace extérieur réel. Suite a une recolte d'informations sur le terrain je retourne vers l'atelier. Je commence la conception et realisation d'un nouveau objet.
Je renouvelle les jeux qui existent. Par l'appropriation ils deviennent les miens. J'impose les données spatio-temporelles. Je privatise l'endroit dans l'espace commun pour le temps de la durée de mon jeu, de mon action, qui peut devenir le nôtre mais jamais le vôtre, puisque je participe à tous mes jeux. Votre participation peut être passive ou active. À vous de choisir. Vous pouvez observer le processus qui se déroule en temps réel devant vous, vous pouvez vous projeter dans mon jeu. Les gestes sont simples, les jeux rappellent les jeux universels. Pas de barrières culturelles, sociales et autres. Le code vestimentaire n'existe pas. Vous pouvez vous identifier aux filles qui portent les baskets blanches, parce que vous portez les mêmes, ou à moi – puisque dans votre placard vous rangez la même polaire que vous voyez aujourd'hui sur moi, ou encore vôtre mère porte la même polaire et elle habite dans une ville voisine; étant invité dans quelques jours chez elle à diner, vous voudriez précipiter la rencontre et sans réfléchir vous activez spontanément votre corps et vous vous lancez dans mon jeu. À partir de ce moment le jeu deviendra le nôtre. Tu porteras une médaille éphémère de coocreation de mon oeuvre, un signe qui n'existera plus une fois ta participation active terminée.
Par la suite tu vas peut-etre creer un nouveau jeu ou transmettre notre jeu aux autres. A present on se tutoie.
Il n'y aura pas de remerciments officiels dans le générique de la fin de ma vidéo parce qu’il n'existera pas. Mon jeu n'est pas une marchandise. Mon jeu, notre jeu est un événement éphémère partagé.
Il y aura la trace vidéo ou photo pour moi-même quand pendant les congés de moi-même corporelle je commencerai à oublier q'un corps est un formidable outil polyvalent.
Il y aura la trace vidéo ou photo à titre informatif pour ceux qu'ils n'ont pas participes. Il y aura aussi l'objet à voir, toucher. Sa présence permettra à une réflexion mais pas une action (l'exposition fossilise les evenements) Peut-être une envie d'une action naitra. La place dès mes actions est dans l'espace public et non pas dans une salle d'exposition.
L'espace extérieur est un territoire qui a ses limites, mais la carte sensible se déploie. Les directions sont diverses. Les directions sont inconnues, mais toujours voulues. Puisqu'il s'agit d'une exploration le parcours sera aléatoire. Google Map sera en mesure de ne pouvoir rien contrôler! Je lui donnerai ce pouvoir! Mon prochain pas sera imprévisible. Mon pas anterieur sera certainement enregistre par les cameras de surveillance, mais dans quel but qqn aurait – il envie de reconstruire mon passage? La découverte dès mes actions se fera d'une manière non programmée, pendant une déambulation, sur la carte physique à l'échelle humaine.