KANA

Le KANA est sans doute la subdivision du BOLO la plus fréquente et la plus évidente, car le BOLO peut se révéler trop grand pour une vie communautaire directe.6 Un KANA est constitué de 20 à 30 IBUs. Un BOLO compte environ 20 KANAs. Un KANA occupe une grande maison dans une ville ou quelques maisons qui font ménage commun; il correspond à un hameau, une bande de chasseurs, un groupe de parenté, une communauté. Le KANA est organisé autour de la vie domestique dans la maison, la tente, la hutte ou le bateau. Il est surtout défini par le style de vie et l’identité culturelle de son BOLO. Il ne peut pas être indépendant pour son approvisionnement en nourriture ou en biens, car il est trop petit et donc instable (comme l’a montré l’expérience des communautés des années soixante-dix). Selon le mode de vie du BOLO, d’autres arrangements sont possibles à côté du KANA: couples, triangles, petites familles, parentés, ménages, équipes, etc. Un BOLO peut aussi être constitué par 500 IBUs qui habitent ensemble comme dans un hôtel ou un monastère, chacun pour soi, et qui ne coopèrent qu’à un niveau minimum pour garantir leur approvisionnement et les règles de l’hospitalité. Le degré de collectivisme ou d’individualisme n’est limité que par ces nécessités de base. Chaque IBU peut trouver le BOLO ou le KANA qui lui plaît ou en inventer de nouveaux.

6. Le KANA correspond au groupe de cueilleurs de baies-chasseurs qui a formé la communauté de base quotidienne de l’humanité pendant des millions d’années, avant même l’apparition des feminae et homines sapientes (voir Leakey-Levin, cit. note 2). Si l’on considère que nous (et cela comprend tout le monde depuis l’intellectuel-métropolitain-célibataire-amateur-de-Zen-et-de-cocaïne jusqu’à l’aborigène australien) avons traversé les contrées en groupes de 25 personnes pendant des millions d’années et que ce n’est que depuis quelques milliers d’années que nous vivons en familles, villages, villes, pratiquant l’agriculture et la « fabriculture », nous pouvons aussi admettre que le KANA est quelque chose que nous avons tous en commun. (C’est, dans tous les cas, quelque chose de plus naturel que la cellule familiale.) Comme le BOLO, le KANA est une forme sociale universelle qui nous donne une base commune à travers toutes les barrières culturelles. Le KANA patriarcal existe d’ailleurs toujours sous différentes formes: classes d’école, patrouilles d’infanterie, clubs, cellules de parti, cercles d’amis; il a donc exercé son charme paléolithique jusque dans la société du travail. Avec le BOLO et le KANA nous retournons loin en arrière (50.000 ans) prendre des forces pour un grand bon en avant. La redécouverte des traditions est la base de la future richesse. (Les sociétés traditionnelles ne savent même pas qu’elles ont des « traditions » et elles ne savent pas à quoi elles pourraient servir.) ^

BOLO'BOLO P.M., 1983 - Mise en page : ESAD Production Heurtault Chloé 2024.

Réédition(s) web & collective par le BOLO de l’ESAD de Pau - groupe KANA №2.

Texte initial trouvé sur http://www.lyber-eclat.net/lyber/bolo/bolo.html - KANA.