Mémoire vive
Contexte
Le projet Mémoire vive se situe dans une logique d’appropriation (ou de ré-appropriation) des espaces de publication en ligne, rejetant la soumission aux outils pré-construits, aux formes canoniques, aux templates standardisés et aux plateformes privatives.
“A website, or anything interactive, is inherently unfinished. It’s imperfect—maybe sometimes it even has a few bugs. But that’s the beauty of it. Websites are living, temporal spaces.1”
Jardin numérique
Maggie Appleton intitule « A Brief History & Ethos of the Digital Garden » le résumé d’un bref parcours historique et philoshopique de la pratique du « jardin numérique ». Elle y signale :
[Les jardins numériques] ne suivent pas les conventions du « blog personnel » tel quon le connaît. Plutôt que de présenter un ensemble d’articles soignés, affichés dans l’ordre chronologique inverse, ces sites agissent davantage comme des wikis libres, des travaux en cours.
Un jardin [numérique] est une collection d’idées évolutives qui ne sont pas strictement organisées en fonction de leur date de publication. Ils sont intrinsèquement exploratoires – les notes sont reliées entre elles par des associations contextuelles. Ils ne sont pas peaufinés ni complets – les notes sont publiées comme des pensées semi-finies qui grandiront et évolueront avec le temps. Ils sont moins rigides, moins performants et moins parfaits que les sites web personnels que nous avons l’habitude de voir.
Un jardin numérique permet de trouver des liens entre réflexions et intérêts. On s’en occupe quand on peut, mais régulièrement, sans quoi la friche le gagne. Il permet de voir comment des idées se développent au fil du temps et « d’apprendre en public ».
Partant du principe2 qu’un jardin numérique est constitué de « notes », on pourrait distinguer :
- les 🌱 notes de semis – pas encore le début d’une idée, mais qui contient suffisamment d’éléments pour pouvoir la lier à d’autres ;
- les 🌿 notes bourgeonnantes – un peu nettoyées, augmentées et distillées ;
- les 🌳 notes persistantes (evergreen) – elles ont suffisamment mûri pour servir de bases à un texte plus conséquent ; le mémoire, par exemple.
Objectifs
Dans le processus de collecte de matière et d’émergence de votre projet de DNSEP (mémoire de master et projet plastique) dont est constitué le premier semestre de 4e année, il vous est proposé de faire un travail de mise en forme de vos phases de recherches, de vos réflexions, expérimentations, idées, références… en tâchant de les articuler avec vos expérimentations formelles, plastiques, graphiques et interactives.
Ce projet agira comme une augmentation, un complément, une articulation entre votre mémoire et vos projets. Durant le temps du second cycle (potentiellement, du semestre 7 au semestre 10, mais assurément au cours du semestre 7) et de votre inscription dans le pôle Nouveaux médias, il évoluera sur le principe d’un espace de publication régulière, à la forme libre – comme compagnon numérique de votre projet de diplôme.
L’hypothèse de Mémoire vive est de proposer une approche alternative à la forme du traditionnel bloc-note, du carnet, du journal, soit un outil3 développé à votre mesure (fait sur mesure ?), pleinement conscient de l’importance du rôle des nouveaux médias dans le partage des idées et des formes aujourd’hui.
Il sera incrémental, itératif, hypertextuel, fragmentaire, mouvant et évolutif, dans ses formes comme dans ses contenus. Cette évolution gagnera à être documentée (une archéologie de l’évolution, notamment formelle, du projet pourra être rendue possible).
Notions importantes
Maïeutique, hypothèses, corpus, thésaurus, index, taxonomie, fragments, esquisses, énonciation publique.
Outils ?
Le code (HTML, CSS, voire JavaScript ou PHP) n’est pas la seule manière de résoudre les enjeux techniques du projet. Une appropriation (habile :) d’outils de publication ± standards peut parfaitement répondre à ces enjeux :
- usage de pads (avec Libreto ?),
- de documents Google (docs, sheets) (mais bon…),
- systèmes de publication automatisés du type blot.im,
- évidemment des moteurs de wiki : l’omnipotent mediawiki, le léger ikiwiki ou l’incroyablement invraisemblable w,
- outils de publication bizarres tels que hotglue.me
ou txti.es, - usage de git et de Gitlab ou GitHub,
- applications de bureau telles que Publii,
- voire même détournement de Padlet.
Des cartes mentales peuvent être envisagées grâce à MarkMap ou (mieux encore) bigpicture. Des sites statiques peuvent être produits à partir de notes en markdown (Zettlr, Obsidian, Joplin, etc.) et des « static sites generators » (Mkdocs, Zola, Hugo, Eleventy, etc.).
L’hypothèse incrémentale peut être engagée grâce à des contraintes telles qu’explorées par Romain Marula et Ivan Murit dans Painting Club (soit, ne pas coder plus de cinq minutes, partir du code de la version précédente et découvrir le résultat au moment de l’impression). Il ne s’agit pas de se perdre dans des enjeux fonctionnels complexes, mais d’expérimenter, chacun⋅e à son niveau, des approches appropriationnistes des outils de publication numérique.
-
Lire My website is a shifting house next to a river of knowledge. What could yours be?, article de Laurel Schwulst en ligne ou en pdf, ou en lire l’éhonté paraphrasage sur Radical Webdesign (HTML energy).
Voir aussi A website is a world: Manifesto for (web)site–specific art de Chia Amisola, ou encore la liste des sites de Philippe de Jonckheere sur le Désordre. ↩ -
Il s’agit d’un “outil intellectuel”, pas d’un outil technique. ↩