



































DNSEP Design
Ce mémoire est un état des lieux du design graphique chez les artistes drag en France, à travers le prisme de la professionalisation de cell·eux-ci. Ma volonté est de mettre en lumière le lien entre le besoin de communication et le contexte de création de ces formes graphiques dans un millieu majoritairement précaire. Ces questionnements m’amène à m’intéresser également aux les esthétiques utilisées. Aux moyens de professionalisation de ces artistes dans un millieu en évolution, sujet à la mainstreamisation et capitalisation par des entreprises extérieures à la communauté LGBTQIA+.
Bienvenue, bienvenue ! Entrez ne soyez pas timides, il reste encore de la place entre les points médians et les terminaisons inclusives ! Bon ça y est tout le monde est bien installé·es ? Parfait, et bien nous allons pouvoir commencer.
Pour cell·eux qui ne me connaissent pas encore je suis Elen Merrien, étudiant en design graphique. Je me présente également avec le nom de scène Terreur Nocturne
Terreur Nocturne. Photo prise par Edouard Breining, drag king/créature, au sein de la maison des Paustiches. Je serai celui qui vous guidera tout au long de ce mémoire.
Pour résumer brièvement, le drag est un art vivant qui joue avec les codes du genre. Cela peut aller d’esthétiques féminines à masculines, en passant par des endroits où le genre vient à être mélangé, effacé voir défiguré. Il existe autant d’esthétiques que d’artistes drag tant la discipline est libre et propre à chacun·e. Cet art est principalement centré autour de la transformation physique et de la performance. Je lui donnerai une définition plus précise et vous raconterai son histoire et son évolution en France dans une première partie.
Le drag, en tant qu’art vivant, se doit d’annoncer des événements, présenter des artistes, publier des photos. En clair, il lui est essentiel de se promouvoir, se faire connaître, souvent par le biais des réseaux sociaux.
Faire du drag demande donc d’avoir une pratique du design graphique amateur·ice. Celle-ci passe par la création d’affiches mais aussi par le montage et la création de vidéo. Dans de nombreux cas, le budget pour avoir un graphiste est trop restreint voir inexistant, tant le drag est un milieu majoritairement précaire.
En effet, comme le rappelle Clémence Depresi dans son article « Culture drag en France : derrière les paillettes, la précarité », il n’existe pas réellement de statut professionnel pour le drag.
S’il est possible de s’inscrire en tant qu’intermitant·e du spectacle auprès de France Travail, remplir les heures nécessaires à sa rémunération reste compliqué. Rajoutons à cela le fait que les prestations ne sont que rarement déclarées, peu rémunérées et sporadiques. Rare sont les drags à ne vivre que de cet art en France, aujourd’hui. Ce sont donc ces pratiques amateur·ices du drag et du design que nous étudierons dans une deuxième partie.
Pour saisir la différence entre activité et travail, je m’appuierai sur la distinction que fait La Buse1 entre ces deux termes.
« Bien que tout travail repose sur une activité, toute activité n’est pas considérée comme du travail. Ce qui relève ou non du travail résulte d’un rapport social.
· Une personne qui tond la pelouse devant chez elle n’est pas considérée comme productive. On dira que son activité est un loisir.
· Une personne qui tond la pelouse en tant qu’agent·e d’une mairie n’est pas considérée comme productive. On dira qu’elle est utile à la collectivité, mais qu’elle coûte. Son activité entraîne une « dépense publique ». · Une personne qui tond la pelouse en tant qu’employée d’une entreprise sous-traitante de la mairie est considérée comme productive. Elle met en valeur le capital de son employeur, elle travaille donc « pour de vrai ».
Une seule activité, trois arbitrages différents. Grâce à cet exemple, on voit que le travail est une convention dont le fondement est essentiellement politique. »
La Buse– Fiche valeur économique, https://
la ‑buse .org/Fiche ‑valeur ‑economique
Il existe tout de même une pratique plus « professionnelle » et « mainstream » du design graphique pour le drag, certaines maisons ont accès à des subventions des localités, des associations visant à l’accompagnement des artistes voient le jour. Tandis qu’on assiste également à une capitalisations de l’art du drag et donc à la création d’événements produit par des boîtes spécialisées dans l’événementiel à une plus grande échelle.
De par ces différences de budgets, de moyens et d’enjeux, ces événements demandent une qualité graphique plus « élevée » et un recours à des professionnel·les du champ du design graphique plus fréquent. Nous étudierons ces pratiques dans une troisième et dernière partie.
Afin de déterminer comment le contexte et les contraintes ont un effet sur la forme de la communication mais aussi si celle-ci est un dérivé ou une déclinaison de ce qui se passe dans le drag show, est-ce que les formes graphiques produites peuvent retourner et nourrir la performance ?
On prête au terme drag* plusieurs origines, pour certain·es le terme viendrait de Shakespeare et du théâtre élisabéthain, les femmes étant interdites en tant que comédiennes, c’était des garçons ou de jeunes hommes qui jouaient les rôles féminins. C’est de la qu’on prête la première origine du mot drag, ici celui-ci serait l’abréviation de l’expression « Dressed as a girl » désignant ces fameux comédiens jouant des rôles féminins. La Deuxième origine que l’on prête au terme nous renvoie encore une fois au théâtre anglais mais cette fois-ci vers le 17e siècle, dans cette version, drag viendrait des robes des comédiens et du fait que celle-ci souvent très longues traînait parterre, renvoyant au verbe « to drag » en anglais « traîner ». Bien que les origines du mot restent floues et largement discutées, le drag est devenu un terme propre à la communauté LGBTQIA+ et la culture Queer. Il renvoie désormais au fait d’explorer, de jouer et d’incarner le genre ou son absence et d’en détourner les codes, à travers le style vestimentaire, les costumes, le maquillage, la corporalité, la gestuelle et la performance.
Si comme évoqué précédemment, le travestissement* a toujours eu une
place dans nos sociétés, notamment dans le théâtre, les historien·nes
s’accordent à dire que le drag tel qu’on le connaît aujourd’hui fait son
apparition au 19e siècle avec la figure de William Dorsey Swann
Carte postale de Swann, James Gardiner, 1903.
Né esclave aux États-Unis, il organisera des bals queer à Washington D.C
suite à son émancipation. Pour ces occasions, lui et ses convives se
pareront de vêtements féminins et de costumes masculins extravagants, William Dorsey Swann se renommera lui-même « Queen of Drag », il sera
d’ailleurs la première personne à s’être désigné comme une drag queen*.
Ces événements offrant un lieu sûr pour jouer avec les expressions de
genre, restent tout de même tenus en secret et sont prompts aux descentes
de police. En 1880, une vague de lois interdisant explicitement le
travestissement frappe le pays, valant à William Dorsey Swann d’être
arrêté et condamné pour avoir « tenu une maison close ». Si cette
condamnation met fin à ses activités, son frère reprendra le flambeau
et perpétuera l’organisation de ces bals.
Sur un côté plus masculin du spectre du genre et du drag, une autre
figure importante marque, elle aussi la fin du 19e siècle. Annie
Hindle
Dessin de Annie Hidle, Digital Collections, The New York Public Library
offre à son public, principalement composé d’hommes de la classe
ouvrière, des performances à travers le personnage de Swell. Un
personnage masculin bourgeois, dont elle se sert pour se moquer de la
bourgeoisie avec son public. Au cours de ses performances elle donne des
conseils aux spectateurs pour bien faire la cour aux femmes. Elle
chantera également pendant ses performances des chansons en hommage aux
classes ouvrières et populaires. Contrairement William Dorsey Swann, Annie
Hindle performera un peu partout aux États-Unis, elle se produit dans
des théâtres aux côtés de diverses troupes d’artistes sans pour autant
en faire partie.
Si l’art du drag et du travestissement se perpétuent tout au long du
20e siècle, le drag connaîtra son essor dans les années dans les
années 70–80.
Les émeutes de Stonewall, qui prirent place en juin 1969, permettent une
véritable émancipation et organisation des luttes queer*. Un an plus
tard nous verrons apparaître les premières éditions de pride à New York
et Los Angeles dans le but de commémorer ces émeutes et le besoin de
faire valoir nos droits. Malgré tout, le drag et les personnes queer
restent précaires et marginalisées.
1980 marque aussi l’apogée de la culture ballroom*
La house of Xtravaganza, Chantal Regnault, 1989, lieux héritant de
la culture urbaine des battles de rues. Elles permettent aux personnes
queer de se retrouver pour concourir dans des catégories très codifiés, détournant les codes de la société. C’est également là que naîtra un
style de performance et de danse nommé le voguing*, mélangeant danses et
poses empruntées au millieu du mannequinat. Les ballrooms, sont un d’exutoire, surtout pour les
personnes queer racisé·es. Bien qu’à ses débuts le racisme gagne la
scène, les choses bougèrent très vite pour devenir une safe place pour
les personnes les plus marginalisé·es. On assistera à la création de la
légendaire house of LaBeija, house fondée par Crystal LaBeija, puis à la
House Xtravaganza ou encore la House of Ninja. À cette époque les houses
permettent de recueillir et parfois d’offrir, toit, aide et protection à
de jeunes personnes queer chasé·es de leurs foyer en raisons de leur
genre ou orientation sexuelle.
Les années 80–90 marqueront aussi l’arrivé d’une figure iconique du
drag : RuPaul, celle que l’on nommait « reine de Manhattan », qui se verra
hissé au rang de drag queen la plus connue au monde, elle fera la
couverture de nombreux magazines comme le Paper
RuPaul en couverture du Paper, Avril 1993, le Vanity Fair ou Vogue.
RuPaul cassera les codes et les stéréotypes de part son image amicale, elle reversera l’idée de méchanceté qui était associée aux drag queens.
Par la suite, elle sera à l’origine de la création de l’émission RuPaul
Drag Race*, une compétition de drag queen télévisée reprenant les codes
des concours de beauté et de la Ballroom. Cette émission marquera un
tournant dans le monde du drag, en mettant en lumière cet art aux yeux
du grand public, elle permet de déconstruire les stéréotypes et de
sensibiliser. Elle se hissera au rang de phénomène avec le temps, ayant
droit à des tournées d’abord cantonnées au États-Unis puis au monde (à
l’exception du continent africain). De nombreux spin-off comme Drag Race
UK, Canada, France, Mexique, Thaïlande et bien d’autre verront par la
suite le jour. L’émission reste tout même critiquée dans le milieu tant
le drag qui y est représenté n’est qu’une infime partie de la richesse
de la scène. De plus l’émission instaure une logique élitiste et une
course à la performance auprès des artistes drags aux travers d’une
néo-libéralisation et d’une capitalisation de l’art. Alors que ces
questions étaient encore absentes.
En France le drag connaît son age d’or dans les années 80–90, il est
hérité de la culture des cabarets et spectacles de transformisme (comme Madame Arthur
Soirée au Madame Arthur, photographe inconnu).
Si les drag queen sont les artistes drag les plus invitées et
médiatisées, la pratique du drag est en réalité bien plus large et il
existe autant de styles de drag que d’individus, regroupant aussi les
drag kings*, les drag queer*, drag genderfuck*, les drag clowns, les monstres*, les
créatures*
Scott von Teufel, drag créature, Isis Mechera, les clubkids*, et bien d’autres.
Au final il existe autant de définition du drag qu’il existe d’artistes et chercher une définition exacte n’a pas vraiment de sens, tant il n’y a pas de limite à cet art. S’il est tout à fait possible de faire du drag seul·e, il est très communs pour les artistes drag de se retrouver en house, maison et collectif afin de monter différents événements, d’échanger entre ell·eux, de partager conseils, tips et avis. Ces rassemblements portent le nom de houses, maisons drag et collectifs.
Aujourd’hui, le mot house s’est étendu et démocratisé, surtout aux États-Unis, il renvoie désormais à une sorte d’excellence, les houses sont souvent iconiques et reconnues, au moins de noms. Les mothers drag, ell·eux, sont présent·es et influent·es dans le milieu depuis un certain temps, ont un statut d’icône et possèdent même différents titres gagnés lors de peagent, des concours de beauté drag principalement destinés aux drag queens. En France le terme est beaucoup moins utilisé et on a plus tendance à parler de maison drag. Si le côté élitiste de la house disparaît, celle-ci reste à l’origine créée par un·e mother/father drag et la hiérarchie parent/enfant reste très présente, il peut par exemple arriver que la·e parent drag s’occupe de toute la gestion de la house et ait le mot final sur les grosses décisions. Du côté des maisons drags cette hiérarchisation des rôles reste moins présente. On parle plus d’adelphitée drag, tout le monde est à peu près au même niveau et ont le même pied d’égalité vis à vis des décisions, son fonctionnement est plus de l’ordre de l’association. Aussi la maison drag ne découle pas forcément d’un·e individu·e mais plus d’une volonté de plusieurs artistes, de se regrouper pour travailler ensemble. Les collectifs drag, eux, fonctionnent un peu différemment, il s’agit toujours de rassemblements mais la notion de famille est beaucoup moins présente. Là où les House et les Maisons performent la majorité du temps ensemble et en tant que maison/house, les artistes présent·es dans un collectif sont souvent des drags qui performent seul·es, de différents horizons mais qui parfois se regroupent pour organiser des événements et performer ensemble.
Il est important de comprendre que si il est totalement possible de commencer et pratiquer le drag seul·e, cela reste plus compliqué quant aux opportunités de performances, surtout dans les grandes villes. En effet comme partout, se regrouper et s’associer nous rend plus fort·es, cela nous permet de démarcher des lieux pour créer un événement drag, d’apprendre ensemble et de cell·eux qui nous entoures, d’être même dans certains cas managé·es ou conseillé·es et guidé·e par des personnes plus expérimenté·es dans le milieu.
Comme évoqué plus haut, l’art du drag est basé sur la performance et
les événements qui s’en suivent, appelé drag shows
Mx Youpsy pendant la muder party d’octobre 2025. Photo prise par Edouard Breining. La plupart du temps
les shows nous présentent plusieurs performances des drags organisant la
soirée et de leurs invité·es. Pourtant ces derniers peuvent prendre
plusieurs formes différentes, comme le bingo drag, les scènes ouvertes.
Les bingos drag fonctionne à la même manière qu’un bingo classique
seulement ici il est présenté par un·e drag. Tandis que dans les scènes
ouvertes partent d’une volonté de laisser la scène et la possibilité de
performer à des personnes extérieur·es, qui débutent ou n’ont pas de
lieu, ni l’occasion de performer régulièrement.
Il existe un lien très fort entre drag et militantisme, l’un ne va pas sans l’autre dans une société hétéro patriarcale où nos droits ne sont jamais vraiment acquis. Lorsque nos existences même sont sujettes au mépris, aux critiques et sont traitées comme des déviances, le drag devient un outil d’empouvoirement culturel et politique. L’acte même de jouer avec les codes du genre, les performer, se réapproprier nos corps et de revendiquer haut et fort nos identités est un acte militant, que nous le voulions où non.

Avec la maison des Paustiches, nous nous sommes retrouvé·es en 2023 face à une situation assez exceptionnelle pour une maison drag qui fait ses débuts.
Après une première soirée test, Aquiu, le café qui nous accueillait, nous a proposé de renouveler l’expérience et de mettre en place un show mensuel
Iris des Sens et Georges Sparkles von Vava pour le show anniversaire de la maison, le 10 septembre 2024, Photo prise par Edouard Breining. tous les deuxièmes mardi du mois chez ell·eux. Il nous a donc fallu penser les affiches de ses événements comme une série cohérente, facilement déclinable. Cela a rendu nos affiches identifiables au premier regard: il était important de créer une identité reconnaissable pour notre public. Si nous n’avions qu’un événement récurrent à nos débuts, nous espérions que nous pourrions en avoir d’autres. Alors, il faudrait facilement différencier nos shows mensuels du reste. Il nous semblait également important de nous différencier de la Mean House, autre maison drag paloise performant aussi à Aquiu une fois par mois.
Nous avons fait le choix pour chaque affiche d’écrire DRAG SHOW avec de très grosses lettres découpées donnant l’énergie du show annoncé.
Par exemple, pour un show sur le thème de la Saint Valentin le 13 février 2024,nous avons découpé nos lettres dans une image de coeur humain [fig
Chaos Nocturne, Georges et Avé Sina pendant le troisième Bric à Drag (show trimestriel à la Forge Moderne), le 26 juin 2024, Photo prise par Edouard Breining
Ayant donc fait l’expérience de devoir gérer la communication graphique pour une maison, j’ai réalisé qu’en plus de la création des visuels, il faut savoir les communiquer sur les différents réseaux sociaux. Ajoutez à cela le partage des photographies et vidéos prise durant nos événements (gérés aussi par des membres de la maison), faire des storys pour entretenir les relations avec le public, leur répondre par message… Tout cela représente une très grande charge de travail gratuit, renforçant encore, cette fois par le travail de communication, la précarité des artistes. Ainsi nombreux·ses sont les drags qui travaillent à un rythme indécent.

C’est le cas notamment de Soleil, artiste drag rennais ayant commencé le drag en 2022. Ici nous allons spécifiquement parler de son travail pour les viewing party de la saison 6 de l’émission « The Boulet Brother’s Dragula » (raccourci en Dragula par les fans) ayant pris place entre octobre et décembre 2024. Pour replacer le contexte, Dragula est un concours télévisé de drag, créé et présenté par les Boulet Brother : Dracmorda et Swanthula, icônes du drag horrifique underground. Contrairement à Drag Race, l’émission propose un plus large répertoire de type de drag. Le style se veut plus punk, plus horrifique et alternatif
Asia Consent, finaliste de Dragula performance autour de la dépression et du suicide.. Si Drag Race est à destination du grand public, Dragula au contraire s’adresse à un public plus mature et initié. Des thèmes comme les troubles mentaux, l’addiction, le sexe et la scarification (qu’elle soit à but artistique ou non) sont abordés de manière parfois crue. Le gore est également un élément récurrent de l’émission, restreignant d’autant plus l’audience.
Soleil pendant la Donjons et Dragon·nes, photo prise par @matihldeuh
C’est dans cette ligne artistique que les viewing party de Dragula sont proposées, elles sont à destination d’un public averti. La communication visuelle créée par Soleil se distingue par une esthétique originale, alternative en lien avec l’émission. Pour être en accord avec Dragula, il fait beaucoup avec peu même si c’est imparfait. Le style global des posts renvoie aux soirées techno underground, à une culture de la nuit alternative en phase avec les artistes et le public présent lors de ces événements.
Soleil lors de la Viewing Party du 19 octobre 2025. Photo prise par Cyd-Louise
[fig
Cette cadence intensive, bien que temporaire, soulève des questions sur la charge de travail mais également sur les compétences nécessaires pour réfléchir une communication efficace et facile à réaliser dans un court laps de temps. En particulier lorsque nous sommes amateur·ice dans le milieu. Néanmoins, en s’inscrivant dans la continuité de ce que propose l’émission, Soleil parvient à s’adapter aux contraintes temporelles. Bien que son travail ne soit pas parfait ou composé avec brio, il parvient à occulter ses défauts grâce à ses choix assumés.

Dans un tout autre registre, nous allons désormais nous intéresser au collectif angoumoisin nommé : les Altesses du 16.
Si nous n’avions vu jusqu’à présent que des créations utilisant la photographie et des éléments graphiques déjà existants, le collectif a la particularité de regrouper majoritairement des étudiant·es dans les différentes écoles d’arts de la ville et des artistes diplômés. Cette particularité se traduit par une certaine liberté sur les formes graphique que prennent les posts Instagram qui sont illustrés par différents membres du collectif, témoignant du bagage artistique et de la sensibilité de chaque artiste drag
[fig
Croqivre halloween 2024, extrait d’un Reel sur le compte instagram des altesses du 16
Parlons du Format Résille, événement organisé par le collectif en collaboration avec Croqivre (association artistique sur Angoulême). Il s’agit d’une séance de modèle vivant dans lequel les modèles sont des drag. Là où Croqivre possède une charte graphique, un logo et une communication bien définie, les Altesses du 16 sont tout de même assez libres sur le style graphique des posts annonçant les événements. La seule contrainte étant que l’on retrouve un crocodile, mascotte des événements, et des dessins des drags présent·es. Les Formats Résilles ne répondent donc pas à des questions d’identité visuelle déclinable, les mêmes contraintes ne sont pas utilisées de la même manière selon les artistes. En effet si un crocodile doit toujours être présent, celui-ci n’a pas les mêmes attribues et ressemble plus à un dragon dans le cas de l’affiche de la première édition du Format Résille, créée par Christian Dumigron.[fig
Oxyde et Vermeil pour le show « Théâtre des Enfers » ayant eu lieu le 23 novembre 2024, photo prise par @moi_c_est_bob_photo
Cette liberté témoignant de la sensibilité des artistes est aussi rendue possible grâce aux lieux et au public du collectif. Cell·eux-ci performent dans différents endroits de la ville d’Angoulême comme la librairie indépendante Lilosimage, les lieux et tiers lieux associatifs le Béta et la Baraka mais également à la médiathèque de la ville. Ces endroits apportent avec eux un public niche (bien que pas si niche à Angoulême), souvent queer et déjà sensible à l’art. L’information peut donc se permettre de passer de manière plus libre en renvoyant aux codes et aux univers graphiques de la micro édition, l’illustration et BD, que le public connaît déjà et affectionne. Outre la création d’affiches, beaucoup d’artistes du collectif mélangent leurs pratiques de l’illustration et de la micro édition avec leur drag et leurs performances, que ce soit à travers le style des costumes qu’i·els créent, parfois parsemés d’illustrations et dessins ou venant directement de celles-ci ; ou en incorporant leurs personnages drags à travers des fanzines, des éditions et prints, lui donnant ainsi une nouvelle dimension. [fig
Si le collectif angoumoisin se distingue dans son utilisation peu conventionnelle des formes graphiques qu’il engage, une autre maison drag s’illustre également dans cette recherche de nouvelles formes de communication. J’ai nommé la Maison Cauchemar !

Cette jeune maison drag originaire de Lyon voit le jour en novembre 2023, bien que les artistes drag performaient déjà avant sa création. I·Els se démarquent par une direction artistique déjà bien définie, malgré le jeune âge du collectif et le peu de contenu présent sur leur compte Instagram. La maison se réapproprie les codes du film d’horreur et de monstres à travers des moyens de communications originaux et encore peu communs dans le milieu drag. Cette prise de position artistique claire peut notamment s’expliquer par le soutien et parrainage extérieur de drags comme Rico Loscpia, La Goétie, Zanni Lalune et Morgan Tox. Le logo [fig
Rico Lo Scopia pendant le show insomnie : Le bal des monstres ayant eu lieu le 18 janvier 2025. Photo prise par @aurelsd_ qui semble créer lui-même les affiches de L’infernal, show horrifique qu’il organise. Cette liberté d’exprimer pleinement leur art leur est aussi permise grâce aux lieux dans lesquels i·els performent. En effet le Sonic et le Lavoir Public sont de véritables bastions de la culture underground et alternative lyonnaise. De plus si le drag reste un milieu précaire, le Lavoir Public semble être un acteur de la lutte pour une reconnaissance professionnelle du drag en proposant différents stages, qu’il s’agisse de stage de dramaturgie, de communication ou de professionnalisation. Tous ces acteur·ices extérieur·es semblent donc créer un environnement favorable pour l’épanouissement artistique de la maison. La Maison Cauchemar
Malédiction pendant le show insomnie : Le bal des monstres ayant eu lieu le 18 janvier 2025. Photo prise par @aurelsd_ s’illustre particulièrement à travers de son utilisation de la vidéo. Il s’agit d’ailleurs du premier contenu publié sur le compte Instagram de la maison. Le but de cette première vidéo est de présenter le collectif et ses membres. Celles-ci sont toujours soignées, en témoigne l’appel au collectif Passantes Production, qui vient apporter une aide technique et matérielle bien que les deux clips soient réalisés, dirigés et en partie montés par Malédiction et Toxygène (deux membres de la maison qui semblent avoir le plus d’expérience de la scène). Les esthétiques conviées reprennent les codes du cinéma des années 70–80, [fig
Ces positionnements audacieux et affirmés permettent aux artistes de prolonger leur pratique du drag pour le faire entrer dans des espaces numériques, de penser la communication au-delà des sentiers préétablis. Ainsi ces objets deviennent de véritable performances numériques.
D’autre artistes drags s’emparent des réseaux sociaux et des outils numériques afin de les détourner et de s’en servir au-delà de la fonction de communication. C’est le cas du prochain guest de ce mémoire, Pelister
Pelister lors du Punkydream Show Vol. 2 ayant eu lieu le 20 juin 2025.!

Pelister incarne une figure très particulière dans l’univers du drag, mêlant son personnage clubkid à sa pratique de l’art contemporain [fig
Pelister lors du Garage-Cabane ayant eu lieu le 20 mai 2025., elle explore les limites et possibilités de faire exister son personnage drag en dehors de la physicalité de la scène. Comme la vidéo, la création d’une sitcom, d’un journal télévisé, de la musique et clips musicaux [fig
Ici, la recherche d’une identité graphique ne se fait pas pour la communication mais pour le personnage, elle le sert, elle fonctionne avec lui.
Le travail et personnage drag de Pelister, puisent leurs influences dans les jeux vidéo, les prémices de la 3D avec une esthétique low poly [fig
Pelister, Gaiwin des Pâquerettes et Terreur Nocturne.
Cette démarche, découlant d’une véritable appropriation des outils numériques, lui permet d’enrichir son art et de lui offrir une nouvelle dimension, brouillant les pistes entre le réel et le virtuel.
Dans le cas de Pelister, pratique artistique, design et drag sont indissociables. L’un ne peut exister sans l’autre. Son personnage et sa pratique artistique ne se limitent pas à la performance mais deviennent ici une expérience complète où chaque détail visuel et chaque outil participent à créer un univers trans-média, immersif et profondément personnel. Il s’agit d’un univers extrêmement réfléchi de ses tenues à la police de caractères créée par elle-même [fig

Pour revenir à des outils de communication plus conventionnels, j’aimerais introduire le prochain collectif nommé : la House of Detritus
Yummy Pees. Si la maison vise un certain niveau de professionnalisation, en s’illustrant par exemple dans la mise en place d’une petite tournée européenne, elle reste tout de même ancrés dans une esthétique brute et sans concessions. Cette volonté de s’ancrer dans ces esthétiques reflète autant l’identité artistique des membres de la maison que leur vision du drag. Un drag fait main, Underground et déjanté, s’articulant autour d’une volonté de se revendiquer comme des rebuts et des déchets de la société. C’est ces revendications qui permettront au collectif de s’inscrire dans un style graphique « cracra », imparfait mais maîtrisé, assumant pleinement son identité underground et alternative. Ici, les imperfections sont des éléments assumés, marquant l’identité de la house [fig
Bien que la communication semble prendre différentes formes selon les événements et ayant des créateur·ices différent·es, les déclinaisons restent tout de même réfléchies et pensées avec soin, résultant en une cohérence globale malgré des médiums et styles variés. C’est notamment le cas de leur communication de leur tournée européenne [fig
Patrick Traffic. On y retrouve une affiche présentant globalement l’événement puis différentes déclinaisons permettant d’annoncer une à une les différentes soirées de cette tournée. Cette capacité à prendre des décisions fortes et réfléchies dans le cadre d’événements récurrents, s’illustre également dans leur travail autour des soirées intitulées « Wagon-Poubelle »
Le masque, _photo prise par @snort.foto. Les visuels associés à ces événements suivent une méthode de travail volontairement artisanale, utilisant l’illustration réalisée sur papier ou le collage, puis numérisée mais sans autres retouches [fig




































Tout le monde est bien de retour ? Prêt·e à attaquer à la deuxième partie de ce mémoire ? Très bien alors continuons sans plus tarder avec nos prochain·es artistes, le collectif SVP Corp !

Absinthe lors de la SVP n°4, photographe inconnu
La SVP Corp est composé des artistes drag Jimmy Bigoudi et Cigario qui sont assez reconnus dans le milieu drag et king bordelais. Ils sont accompagné sur ce projet de collectif par Marie, se décrivant comme momanager·euse. Son souhait est d’apporter aide administrative, sur la gestion de projets pendant les représentations et lors de recrutement et d’encadrement d’équipes bénévoles. Ce souhait est traduit par la volonté de remettre au devant de la scène les drag kings bordelais souvent peu représentés. Cette volonté s’accompagne également par un désir d’aider à la professionnalisation des artistes et des événements proposé.
L’événement qui nous intéresse ici est celui de la quatrième édition de la soirée et scène ouverte « Venez SVP », autour de laquelle le collectif s’est formé. Le ton de la soirée se veut explicitement humoristique, ne manquant pas d’autodérision et d’une certaine conscience sur la place qui est faite aux drag king dans le milieu du drag. En effet, si les drag queens profitent d’un certain engouement, les drags kings et queer ne trouvent que peu de scènes. I·Els ne sont tout simplement pas ou que rarement booké·es.
Emo Goblin lors de la Svp n°4, photo prise par @colorsandcreatures
En découle une communication visuelle humoristique, d’une esthétique internet légèrement Y2K attirant la sympathie et accessible[fig

Un autre collectif bordelais s’illustre par ses ambitions professionnelles et d’excellence, la maison Dela.
Créée par Dela Beuchaire et Dela Saboté·e, le collectif se revendique comme première maison drag créature avec une pratique artistique du cirque
Dela Beuchaire en suspension lors du loto artistique d’Air-sur-Adour. Photo prise par Jean-Marc Helies.
À travers sa communication, la maison Dela montre un drag mêlant poésie, esthétique avant-gardiste, haute couture et culture clubkid. Le collectif souhaite s’inscrire dans une quête d’excellence, explorant différents univers visuels inspirés de la figure du clown, particulièrement du Pierrot et de la créature.

La maison
Dela Saboté·e s’est récemment saisie d’outils plus inattendus dans le milieu drag. En effet en 2023 le collectif fait appel au studio de design et de direction artistique, Very Superflu pour redessiner le logo de la maison [fig
Pourtant malgré une communication réfléchie, la maison Dela renvoie une image parfois froide et classiste [fig

Cette volonté de faire reconnaître le drag comme une profession à part entière, permet l’apparition de maisons de production et d’événementiel exclusivement tournées vers cet art.
C’est le cas par exemple de Bestial Production, association fondée par la drag Lilloise Enby Bestial
Enby Bestial pour la viewing party de la finale de Drag Race Frace. Photo prise par Jolan Baucier, dans le but d’encadrer et de promouvoir différents événements drag.
Se déclarer en tant qu’association permet de toucher des subventions et des cachets, de donner du crédit à notre travail. C’est un peu la première porte vers une reconnaissance professionnelle.
Ici, son rôle est d’organiser et de promouvoir le drag. L’association vient également apporter une réflexion soignée concernant les styles et les identités visuelles venant accompagner ses productions. Si le style graphique associé aux événements reste relativement simple et attendu, [fig
Cela permet, malgré la pluralité des invité·es présenté·es lors de l’événement, de proposer un contenu assez uniforme [fig

Tout comme Bestial Production d’autres associations visant à la promotion d’événements drag voient le jour, comme le collectif Erreur 404. Initié par la drag queen La Harpie
La Harpie, Photo prise par Nathan Selighini, l’association souhaite permettre un accompagnement par des designer·euses membre de l’association. L’association s’affirme par des choix graphiques plus underground et expérimentaux, on retrouve des références au cinéma de genre des années 80/90, et à l’univers de la nuit, festif et underground [fig

Pourtant, si des associations locales arrivent très bien à se créer une identité graphique, des événements phares, comme la Drag Me Up (concours drag organisé par la boîte Gaypopevent et présenté par Cookie Kunty
Cookie Kunty), peinent à affirmer des choix cohérents.
En effet malgré la notoriété de l’événement et sa perpétuité dans le temps, le concours s’arme d’un design peu assumé dans ses choix et globalement maladroit. Bien qu’en 2024, la sixième saison du concours veuille s’inscrire dans un registre kistch et camp, référençant les concours et émissions télévisées de cuisine, les images qui en ressortent semblent être en deçà de l’exigence et du niveau réel des soirées proposées. Les images produites restent simples dans leurs compositions, notamment lorsqu’il s’agit des présentations des drags en compétition [fig
Barbra Luv pendant la Drag Me Up du 30 mars 2025.
Ces choix esthétiques proposent des formes qui, outre le fait d’être maladroites, ne fonctionnent pas [fig

Ces questionnements nous amèneront aux dernier·es invité·es de ce mémoire. Je pense qu’à ce niveau vous vous doutez du nom que je vais annoncer. Il s’agit des plus gros événements drag français, rassemblant un public éclectique, de tout âges et dépassant les frontières de la communauté queer et LGBT, j’ai nommé : Drag Race France !
Candidates de la première saison de Drag Race France
L’émission bien que légèrement plus nuancée et diversifiée que son homologue américain, uniformise la représentation qu’elle fait du drag français pour l’adapter aux exigences de la télévision, du grand public et de la drag qui a donné son nom à l’émission : RuPaul.
C’est d’ailleurs à cause de cette dernière que la compétition reste fermée aux drags kings, la productrice de Drag Race US souhaitant garder l’exclusivité d’une première apparition king dans son émission (ce qui, soyons honnêtes n’arrivera pas de si tôt). Si des revendications politiques de la part des candidates émergent au fil des épisodes, celles-ci restent souvent gentilles et régulées par la production dans le but de ne pas choquer ni déranger les téléspectateur·ices. Cependant malgré cette régulation, l’émission se place comme médiatrice, en abordant des sujets sensibles tels que la transphobie, la dépression, les violences homophobes et bien d’autres.
Puisqu’il s’agit d’une émission et non d’un drag show, l’esthétique de Drag Race France est très proche de la télévision, la télé-réalité et le télé-crochet [fig
Finalistes des 3 premières saisons de Drag Race France. Chaque saison possède un thème que l’on retrouve à travers la communication sur les réseaux sociaux et en publicité sur internet et la télévision. Par exemple, en 2024 les Jeux Olympiques et le sport [fig

Drag Race France
Paloma gagnante de la saison 1 de Drag France. a tendance à caricaturer le drag, minimisant la diversité des pratiques aux yeux du grand public. L’émission mets en place de nouveaux standards, aussi bien pour la communication qu’au niveau des attentes que le public aura envers les artistes. Cette médiatisation et capitalisation du drag par des personnes extérieures à la communauté interroge. Elles transforment le drag en un véritable business, une course à la perfection, à produire toujours plus et toujours du neuf, au détriment de la stabilité financière des artistes.
« L’injonction à l’originalité constante encourage une logique consumériste où l’artiste doit toujours produire du « neuf », parfois au détriment de sa stabilité financière. »
Elias Caillaud – Le petit bulletin, Culture drag en France : derrière les paillettes, la précarité.
Beaucoup de drags s’endettent, liquident leurs économies parfois pour des tenues qui ne seront pas montrées à la télévision car éliminées trop tôt.
Le budget moyen pour participer à l’émission étant d’environ 15 000 €, selon Père Eustache
Père Eustache (drag king parisien).
Ici les moyens mis en place pour le design graphique sont au profit de la télévision et non au profit des drags. Si elles sont érigées au rang de star pendant un certain temps, la majorité d’entre elles retourneront dans une logique précaire et underground du drag et du design graphique une fois l’émission terminée.






































« Cette capitalisation de notre art se retrouve aussi sur les réseaux sociaux où elle interroge sur la perception que l’on en a. Ne sommes-nous là que pour suggérer la beauté ? La transformation ? Cette capitalisation sur les réseaux sociaux entraîne beaucoup de drag queens à se standardiser dans une culture du show télé à l’américaine. La capacité à être visible sur les réseaux sociaux et sur les autres médias, c’est la capacité à générer un revenu dans les temps qui suivront pour l’artiste. Avoir du monde sur les réseaux sociaux, c’est avoir l’opportunité d’avoir un agent qui va chercher les bookings, c’est entrer dans un marché de la performance, un marché de l’art, un marché du divertissement. »
Emily Tante, De la capitalisation du drag dans la société, Friction Magazine
Aujourd’hui le drag fait vendre, il est sorti de son contexte d’art queer underground par des entreprises cherchant à nous vendre un drag lissé, apolitique, à travers des programmes télévisuels ou des communications aseptisées aux antipodes de nos luttes initiales.
Les drags queens mises en avant jouissent d’une célébrité passagère leur permettant d’accéder à une professionnalisation de leur art en contrepartie d’une mise en concurrence et d’un contrôle sur leur image publique, laissées aux mains des producteur·ices.
Pourtant cette voie vers la professionnalisation n’est pas la seule, nous assistons en parallèle à la création d’associations initiées par les drags et pour les drags, constituant un premier pas vers une reconnaissance de leur travail. Les formes graphiques qui en découlent saisissent réellement les enjeux d’une telle communication et s’inscrivent dans la continuité de leur personnage drag et/ou des événements proposés. Témoignant l’importance d’un travail fait par les personnes concerné·es. Certaines maisons aspirent à institutionnaliser cet art, à le faire exister dans des lieux plus légitimés, comme le théâtre ou les musées d’art contemporain. Cette démarche bien qu’importante, amène ces collectifs à penser leur communication pour des institutions culturelles, quitte à créer un décalage entre leurs créations graphiques et le contenu des performances.
Si les réseaux sociaux prennent une place importante au sein de nos pratiques, ils amènent avec eux un format standardisé, que ce soit par les dimensions des posts ou par l’appréciation qu’auront les algorithmes de notre travail, influant sur notre visibilité.
Alors contourner ces règles, se jouer d’elles, relève d’un acte contestataire. D’un refus de se lisser pour plaire au grand public, d’une volonté de le déranger voire dans certains cas l’exclure de nos espaces. De nombreux·ses artistes drags font le choix de créer une communication propre à leur univers venant ainsi créer un miroir entre performances et design graphique. Certain·es artistes se saisissent également des réseaux sociaux pour donner une nouvelle dimension à leur personnage, d’en explorer les outils et limites. Pour l’inscrire dans un univers trans-média.
Malgré sa récente popularisation en France, le drag reste dans son essence un milieu précaire et majoritairement amateur. Les pratiques du design graphique qui s’y associent suivent cette logique.
Voilà qui sonne la fin de ce mémoire, il n’y aura pas de rappel !
Avant de nous quitter, n’oubliez pas de laisser une petite pièce dans le chapeau pour rémunérer les artistes et de passer par la page remerciements !
Thaïs Cuny Du drame derrière le drag mémoire DNSEP, 2023
Pelister Clubkid, Drag et Fashion, mémoire DNSEP, 2024
Apolline Bazin Drag, Un art queer qui agite le monde, Epa Eds, 2023
Sofian Aissaoui et Valentin Pasquier Drag – L’autre visage des Queens et des Kings, La Musardine Eds, 2022
Simon Doonan Drag The Complete Story, éditions Laurence King, 2019
Patsy Monsoon L’art du drag, Palette, 2022
Miroir/Miroirs n°2 : Genderfucking !, des ailes sur un tracteur éditions, 2014
Page Wikipédia de William Dorsey Swann [en ligne]. Disponible sur:
https://
Urdla, Scène Ballroom : une culture artistique et politique [en ligne]. Disponible sur:
https://
https://
https://
https://
Compte Instagram de Scott von Teufel [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de Edouard Breining [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de la Maison des Paustiches [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de Soleil [en ligne]. Disponible sur:
www
Compte Instagram des Altesses du 16 [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de la Maison Cauchemar [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de Rico Lo Scopia [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de Pelister [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de la House of Detritus [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de la Yummy Pees [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de la SVP Corp [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de la Maison Dela [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de la Bestial Production [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de Enby Bestial [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de la Erreur 404 [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de la Harpie [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de la Drag Me Up [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de Cookie Kunty [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de Drag Race France [en ligne]. Disponible sur:
https://
Compte Instagram de Drag Race France Live [en ligne]. Disponible sur:
https://
Kennedy Agency, tout les programmes [en ligne]. Disponible sur:
https://
Kennedy Agency, All Stars [en ligne]. Disponible sur:
https://
Kennedy Agency, saison 3 [en ligne]. Disponible sur:
https://
Site de la Maison Dela [hors ligne mais visible sur la Wayback Machine]. Disponible sur:
https://
Clémence Depresle, Culture drag en France : derrière les paillettes, la précarité [en ligne]. Disponible sur:
https://
Gay Pop Event, Drag Me Up [hors ligne mais visible sur la Wayback Machine]. Disponible sur:
https://
Emily Tante, De la capitalisation du drag dans la société, Friction Magazine [en ligne]
https://
Avant de nous quitter j’aimerais remercier les personnes sans qui ce mémoire n’aurait pas vu le jour. Merci à Corentin Brule pour son accompagnement tout au long de la réaction de ce mémoire, pour ses blagues et ses références. Je remercie également la maison des paustiches et particulièremment Mharion Cazaux de nous avoir forcé à créer notre maison drag. Merci à mes ami·es pour leur soutient quotidien, les moments de joies comme de pleurs. Mention spéciale à Lelio pour la correction des fautes d’orthographes. Merci à Sarah pour m’avoir aidé à rédiger ce mémoire, Maxime, Lucie et Clara pour l’aide avec le markdown. Et enfin merci au drag d’exister !
Le collectif interroge le milieu de l’art en tant que milieu de travail. ↩︎
site web de La Cuvette, https://