ateliers web
Mémoires de DNSEP — 5e année 2024–2025
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Marjorie Biauné Une logique fait main présente dans la création graphique sur le Web
Mon mémoire porte sur la présence d’une logique fait main dans la création graphique au sein du Web et examine l’influence des outils numériques sur le processus créatif des designers graphiques. Je mets en lumière l’importance des choix d’outils du designer graphique et la capacité à se les approprier tout en apportant une définition du design graphique pour mettre en relief la réflexion et la technique comme étant deux caractéristiques majeur dans le graphisme. Par technique, j’entends : avoir une pratique consciente du design, donc de ses outils et de leur utilité. Je fais un pas de côté sur l’utilisation des logiciels privés, pour m’intéresser principalement aux logiciels libres et à la pratique (niche) du designer-hacker. Certains designers se détournent des contraintes des outils traditionnels pour créer leurs propres solutions, devenant ainsi des designers-hackers. Ce qui m’amène à parler de la place des langages de programmation dans le design graphique, plus précisément de creative coding, où l’on retrouve cette esthétique de la logique fait main. J’arbore de nombreux exemples, où, designers-hackers-amateurs développent une pratique qui s’apparente à une manière de penser, une façon de concevoir et un esprit de partage. L’outil devient ainsi un moyen de libérer la créativité, au-delà des contraintes imposées. Cette approche permet de réinventer les relations entre design, programmation et outils de création, offrant ainsi plus de liberté et de contrôle créatif dans l’environnement numérique du Web, que je qualifie d’autoproduction décentralisée.
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Solange Caillon Percevoir. Un accès à la culture visuelle en cas de cécité ou malvoyance ?
Cette recherche développe la question de l’image par le prisme de la mal et non voyance. L’image visuelle étant banalisée, elle peut être imperceptible pour une part de la population. La cécité ou la mal voyance est un sujet qui interroge notre perception acquise de la culture visuelle. C’est par le design graphique qu’il est possible d’ouvrir de nouveaux champs d’applications, induits par le mode d’appréhension du toucher. Se détacher des habitudes graphiques et se méfier de nos propres croyances dans le contexte perceptif visuel pour concevoir des supports haptiques traduisant notre culture. _En quoi la manipulation d’un objet éditorial peut permettre la perception de notre culture visuelle en cas de cécité ?_ Dans une volonté d’accès, de partage et d’inclusion des personnes mal et non-voyantes au domaine de l’art, un milieu ostensiblement optique. Ce mémoire aborde donc la question des sensations et comment celles-ci sont éprouvées par le basculant d’un sens à un autre. Elle relate également, de manière non exhaustive, les outils déployés et expérimentés de nos jours pour créer des visuels tactiles. Ainsi que plusieurs projets éditoriaux s’aventurant timidement dans cette pratique.
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Ryan Cracco L’atlasification du voir
À l’ère de la reproductibilité iconographique facilitée et illimitée, qu’est-ce qui fait une image ? Télescopées à un « trop » dès leurs productions, les images subsistent désormais, bien que difficilement, dans un océan torrentiel, insondable et infini, qui leur dérobe toutes accroches sémantiques, toutes raisons d’être. Elles errent sans but, dans l’attente d’être reconsidérées un jour. Pour se défaire de cette fatalité, il faudrait procéder à un déplacement, c’est-à-dire remettre en récit les images dans un nouvel espace qui saura faire usage de leurs diverses qualités. Leur promettre un devenir – c’est la profonde intention de la forme éditoriale qu’est l’atlas.
Outil hérité de Mercator, l’atlas permet ce recadrage en traitant les images « orphelines » à la manière de neurones dans un vaste réseau intracommunicant. À travers l’analyse de sa faculté d’harmonisation – qui fait se répondre les iconographies entre elles de manières inédites et pertinentes –, nous découvrirons comment s’organise cet espace conciliateur. Est-ce que sa substance signifiante se limite au visuel ou bien la légende accompagnatrice en fait-elle aussi partie ? Raisonner en réseau et faire résonner le réseau – qu’est-ce que la méthode atlastique ?
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Micha Huber Care design, design graphique et psychiatrie : une triade en émergence ?
Depuis la crise sanitaire de 2020 et l’apparition de nombreux questionnements autour du bien-être et de sa définition, une pratique en particulier a connu un développement fulgurant : le design du care. Ce domaine en mouvement perpétuel, engagé et novateur fascine par son adresse multiple à l’attention, à l’humain, et aux conditions de soin. Cependant, lors de premières recherches, j’ai constaté un manque flagrant : les propositions de care design psychiatrique étaient presque inexistantes.
Les questionnements sociétaux autour de la santé mentale et de sa prise en charge évoluent rapidement, devenant de moins en moins un sujet tabou et stigmatisé. Cette évolution sociale s’est-elle répercutée sur le care design et quelles en seraient les nouvelles propositions ? Le design graphique, reconnu pour son engagement social, s’est-il frayé un chemin vers un care design graphique psychiatrique ? Les projets autrefois épars se sont-ils étoffés ?
Si une réponse positive peut sembler évidente de prime abord, la réalité n’est pas aussi certaine. La recherche d’un care à l’adresse psychiatrique révèle une timidité de longue date des propositions. L’apparition progressive d’un care design graphique psychiatrique au sein d’hôpitaux souligne malgré tout l’appréhension des structures à l’ouverture vers un design atypique. Notre réponse se trouve peut-être dans une réflexion hors structure. Le design graphique devient outil collaboratif du care avec l’apparition d’ouvrages témoignant de la déstigmatisation du soin psychique, ou d’espaces associatifs expressifs. L’équilibre est encore précaire, mais le constat est très encourageant. L’émergence d’un solide care design graphique psychiatrique se dessine déjà comme une direction naturelle pour le futur d’un design graphique intégré à la recherche du bien-être psychique.
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Morgane Lazarus Inter_Actions_sociales. Les dispositifs interactifs, vecteurs de changements sociaux
L’ère post COVID nous a amenés à nous rendre compte que l’humain était de plus en plus auto-centré (encore plus qu’auparavant). Comment lui en vouloir, nous avons été face à une situation sans précédent pour nous, forcés à nous terrer et à nous couper du monde qui nous entourait. Notre rapport à nous-même, aux autres ainsi qu’à notre espace a donc, que l’on veuille l’admettre ou non, grandement changer. Durant les différents confinements, nous avons développé d’autres types de relations, notamment celles avec les outils numériques qui sont à notre portée.
Dans cet essai, ou cette pensée rédigée, je vous invite à questionner notre rapport aux outils afin d’essayer de déceler si les dispositifs interactifs, de part leur ludicité, pouvait devenir de réels vecteurs de changements sociaux. Par définition, le design peut-il recréer du contact humain et nous permettre de nous réconcilier autant avec notre espace qu’avec ces individus, et ce, en investissant l’espace public ; Cet espace commun à tous.tes.
Au travers différents exemples, nous observerons différentes manières d’interagir avec l’espace public dans lequel nous évoluons au quotidien, et nous verrons ensuite les avantages des dispositifs interactif, ludiques et efficaces afin de permettre à tout un chacun, de se reconnecter ensemble.
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Yuyuan Ma Le design graphique a-t-il un rôle à jouer pour les petites fermes biologiques ?
Ce mémoire s’intéresse à l’univers visuel des exploitations agricoles biologiques. Basé sur quatre enquêtes réalisées dans quatre fermes biologiques près de Pau, cet article retrace le parcours des agriculteurs par rapport au choix des éléments visuels.
L’article explore également les raisons pour lesquelles il est important pour un designer graphique de porter un regard critique sur ce domaine méconnu. La méconnaissance du sujet sert de miroir qui reflète la pratique du design graphique en termes d’esthétique, de professionnalisme, de précarité économique, etc.
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Mélina Maulet Déconstruire le Récit. Stratégies Narratives dans le Cinéma d’Exposition
Ce mémoire explore les techniques narratives du cinéma d’exposition à travers le prisme de deux notions inhérentes au cinéma et à l’expérience humaine; l’espace et le temps. En s’intéressant à la manipulation de ces paramètres, cet exposé permet de comprendre comment notre perception, nos sens et notre corps peuvent avoir un impact sur la narration d’un film, la co-construisent en quelque sorte.
Dans le cinéma d’exposition et antérieurement dans le dispositif vidéo, cette relation de spectateur-acteur au film est fondamentale. Elle redéfinit les frontières de l’écran de projection dans une dimension immersive qui déplace l’expérience du spectateur dans une expérience sensible, physique et singulière du film.
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Morganne Marion L’impact et l’influence des nouvelles technologies dans la danse contemporaine
Dans un monde où le numérique occupe une place prépondérante, l’impact des nouvelles technologies sur l’univers de la danse est indéniable. De nouvelles formes de spectacles émergent sur la scène contemporaine, transformant l’espace scénique en un terrain d’innovation et de créativité. Quelles sont ces nouvelles expressions artistiques et comment des mondes apparemment opposés, la danse et la technologie se sont-ils rencontrés pour cohabiter harmonieusement sur une même scène, créant ainsi un espace de création captivant ?
L’intégration des technologies dans la danse contemporaine a révolutionné cet art, ouvrant des horizons inédits et redéfinissant les possibilités du mouvement. L’intelligence artificielle (IA), la réalité virtuelle (VR), et les capteurs de mouvement ont repoussé les limites de ce que la danse peut incarner. Des œuvres comme “BIPED” de Merce Cunningham ont exploré cette synergie homme-machine, offrant des expériences artistiques qui redéfinissent notre perception de la technologie et de la créativité. La danse contemporaine devient ainsi un espace d’expérimentation où chorégraphes, programmeurs et techniciens collaborent pour créer des performances interactives, où chaque mouvement peut déclencher des effets visuels et sonores.
Ces innovations ne se limitent pas à l’esthétique. Elles amplifient l’impact émotionnel des performances et ouvrent de nouvelles façons de questionner l’identité, l’interaction et la réalité. Dans ce mémoire, vous découvrirez comment cette rencontre entre art et technologie a commencé dans les années 70 avec Merce Cunningham. Nous retracerons l’histoire de la notation chorégraphique et des logiciels qui en sont issus, jusqu’à l’analyse d’exemples concrets démontrant l’usage de ces outils dans la danse contemporaine.
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Émilie Roudaut L’évolution du dessin de caractères créatif par ordinateur. Du ACG MIT Media Lab jusqu’à aujourd’hui
Le type design computationnel est quelque chose d’abstrait pour beaucoup d’entre nous. On ne sait pas vraiment à quoi correspond cette expression ni à quelle époque elle prend racine.
Dans ce document, de nombreuses questions ont émergé suite à l’analyse de ce terme. Dans quel contexte numérique le type design computationnel a-t-il débuté ? Qui ont été les pionniers de ces premiers questionnements ? Comment les designers et typographes de notre époque se sont emparés des démonstrations du Aesthetic Computation Group (ACG) ?
Et qui sont ces derniers ? En somme, comment le dessin de caractères créatif par ordinateur a-t-il évolué depuis les premières expérimentations du ACG MIT Lab jusqu’à nos jours ?
Dans la proposition d’analyse de cet écrit, nous partirons des années 80-90 et des expérimentations graphiques du Aesthetic Computation Group du MIT Media Lab pour finir sur leurs descendants graphiques de notre époque. Une sélection d’œuvres et leurs analyses nous permettront de mieux comprendre cet aspect du type design.
C’est par la relation designer-machine, l’utilisation d’algorithmes, d’interactions publiques extérieures, de creative coding et surtout par les envies du ACG de bouleverser et réformer le monde du type design que ces réflexions ont pu voir le jour.
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Aurore Tajan How to be pretty. Les médias sociaux peuvent-ils se jouer de la beauté et de sa fabrique ? Regard sur les tutoriels beauté et leurs évolutions.
Les premiers objets identifiables comme tels apparaissent dans les années 30 ; ils reprennent en vidéo sur film 16mm ce que les guides de beauté imprimés prônaient jusqu’alors. Viennent ensuite les VHS et DVD de cours de maquillage professionnel à acheter ou à louer. L’arrivée d’Internet ouvre dans les années 2000 le genre aux amateur·ices, qui inventent de nouveaux codes jusqu’à l’identification du « monde de la beauté » sur les plateformes vidéos. Certain·es de ces amateur·ices deviendront d’ailleurs quelques années plus tard celleux qu’on appelle beautyguru ; des YouTubeur·euses beauté devenu·es célébrités. Aujourd’hui encore, le genre du tutoriel beauté s’écrit sur les médias sociaux ; avec son format vertical de moins de 90 secondes, il est un haut lieu de la création de trend en tous genres.
L’objectif de ce mémoire est de définir, en exploitant un corpus de tutoriels beauté vidéos de 1937 à 2023, les évolutions techniques mais surtout idéologiques de ces objets. Nous étudierons la question d’un possible parallèle entre les guides de beauté vidéos produits par des compagnies de cosmétiques, et les tutoriels amateurs postés sur les médias sociaux. Nous aborderons cette question en observant si le développement des nouvelles technologies a influencé le format et ses modalités de diffusion. Nous nous demanderons également si l’arrivée d’Internet a simplement ouvert les portes d’une redéfinition collective des standards de beauté ou si, au contraire, la reproductibilité de ces tutoriels a entretenu les standards établis, et enfin, si les modalités des plateformes de diffusion elles-mêmes jouent un rôle dans l’écriture des dits standards.
Cette étude met ainsi en évidence la résurgence des liens entre les tutoriels beauté et la presse féminine, soulignant une certaine perpétuation des mécaniques publicitaires et des normes esthétiques malgré l’émergence de nouveaux médias. L’arrivée du tutoriel beauté sur les médias sociaux a permis bien sûr d’ouvrir de multiples débats et de questionner ensemble des injonctions à une beauté nourrie de sexisme, de racisme, d’âgisme, de classisme… Les contestations prennent la forme de vidéos parodiques, de challenges anticonformistes, de tutoriel fusionné à une lettre ouverte – des formes nouvelles portées par le champ des possibles des médias sociaux. Il est cependant difficile d’ignorer le succès de tendances, comme celui de la cleangirl, qui rappelle étrangement la bourgeoise idéale totale illustrée dans les revues féminines du siècle dernier. Il est difficile aussi de passer outre les mécaniques algorithmiques des plateformes et les biais qui y sont associés.
L’obsession pour la beauté semble réelle – que ce soit le fruit des logiques algorithmiques, mais aussi des utilisateur·ices des plateformes concernées.
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Kassandra Vanmansart Design social, quels enjeux ? Enquête auprès du milieu associatif local.
Depuis les années 1960, des voix comme celles de Ken Garland et Victor Papanek ont plaidé pour un design engagé, détourné des logiques purement commerciales, pour servir des causes sociales, écologiques et culturelles. Ce mémoire explore cette approche à travers le prisme du design social, une pratique qui, par une démarche participative et expérimentale, vise à transformer durablement les territoires et les modes de vie.
Mais quels sont les défis et les limites du design social ? À travers une immersion dans le milieu associatif, ce travail interroge la capacité de cette démarche à répondre aux besoins collectifs, tout en surmontant des contraintes structurelles et organisationnelles. Les associations, avec leur rôle clé dans la solidarité et la mise en œuvre d’actions non prises en charge par les institutions, apparaissent comme des partenaires naturels du design social. Ce mémoire propose ainsi une réflexion à la fois critique et constructive sur la façon dont le design peut devenir un levier concret pour des transformations sociétales durables.
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