Au sein de l’Internet Society, nous œuvrons au développement d’un Internet ouvert, connecté à l’échelle mondiale, sécurisé et digne de confiance. Ce travail consiste en grande partie à permettre à ceux qui en ont le plus besoin d’accéder à l’Internet, en réduisant la fracture numérique. En quoi consiste précisément cette fracture numérique ? A priori, une réponse simple semble s’imposer : « le fossé entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas accès aux ordinateurs et à l’Internet » . En approfondissant la question, on s’aperçoit qu’il existe de nombreuses façons de mesurer la fracture. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’une fracture, mais de plusieurs. vous proposons ci-dessous une brève synthèse de quelques-unes des approches utilisées pour aborder la fracture numérique et la calculer. Il n’existe pas de définition unique, mais certains moyens efficaces permettent de connecter les laissés-pour-compte et de s’attaquer à la fracture. La création de réseaux communautaires et la mise en place de conditions propices à leur développement sont une des solutions.
Ces écarts en matière de disponibilité, d’accessibilité financière, d’intérêt et de culture numérique se retrouvent aussi bien au niveau international qu’au niveau local. Les pays qui affichent un taux de connectivité moyen élevé présentent néanmoins des inégalités flagrantes en zones rurales, reculées et même urbaines. Ces écarts vont souvent de pair avec d’autres disparités telles que les inégalités en matière de revenus et de genre. Aux États-Unis, par exemple, le taux de connectivité moyen est élevé, cependant les terres indigènes ne disposent pas d’un accès à l’Internet abordable et durable.
Il existe de nombreuses méthodes pour calculer les écarts d’accès à Internet. Chaque source utilise sa propre méthodologie en fonction de son champ d’application et de ses paramètres. Certaines sources s’intéressent à la saturation des appareils utilisés (comme les ordinateurs ou les smartphones) tandis que d’autres examinent les zones couvertes par les fournisseurs d’accès à Internet (FAI).
Toute méthodologie a ses limites, car les données ne peuvent rendre compte de la formidable complexité avec laquelle les gens utilisent l’Internet. En dépit de ces limites potentielles, plusieurs sources permettent de se faire une bonne idée des chiffres de la fracture numérique.
Selon la Commission des Nations unies sur le haut débit pour le développement durable, près de 3,6 milliards de personnes ne sont toujours pas connectées à l’Internet, quel que soit le critère utilisé. Cela représente quelque 4,1 milliards de personnes en ligne, soit près de 53,6 % de la population mondiale.
source : public.tableau.com
La fracture numérique n’étant pas binaire, il n’existe pas de solution unique pour y remédier. Pendant des décennies, grâce aux modèles classiques, les gouvernements et le secteur privé ont réussi à fournir un accès à Internet à un large public. Cependant, le reste de la population mondiale non connectée est la plus difficile à connecter à l’Internet. Elle vit souvent dans des zones à faible densité ou à faible revenu, où il n’est pas aussi rentable pour les grandes entreprises de fournir des services et de développer des infrastructures. Il en résulte un ralentissement de la croissance du nombre de connexions à l’Internet. Il est nécessaire de trouver des solutions innovantes pour améliorer la situation. Les réseaux communautaires permettent de relever les défis posés par les nombreuses fractures numériques, en offrant un accès abordable à l’Internet à ceux qui en ont le plus besoin. Au-delà de mettre l’Internet à la portée de tous et à un prix abordable, les réseaux communautaires contribuent à réduire certaines des autres fractures mentionnées ci-dessus. C’est ainsi que le fait d’apporter l’accès à l’Internet à une communauté atténue les disparités en matière de santé en mettant des options de télémédecine abordables à la disposition des zones rurales. C’est le résultat de l’initiative du projet Effective Broadband for Health de l’Internet Society au Népal. La connectivité a permis à d’autres communautés de constater des changements dans différents domaines à la fois, comme l’éducation, les soins de santé et l’agriculture dans le cas du réseau communautaire Murambinda au Zimbabwe. Le processus de déploiement des réseaux communautaires prouve également que les membres de la communauté qui participent à la construction de leurs réseaux renforcent également leurs compétences numériques communes. À Waimanalo, à Hawaï, le réseau a ouvert de nouvelles possibilités et a donné à la communauté la maîtrise de sa connectivité. John Garcia, membre de la communauté qui a joué un rôle clé dans le déploiement du réseau de Waimanalo, a déclaré : « De nombreux entrepreneurs ici peuvent désormais se connecter et travailler à domicile. Nous sommes passés de l’absence de connectivité à la connexion, puis à la possibilité de contrôler cette connexion et de l’étendre. »