La fête dans les luttes

La fête dans les luttes en est le contrepoint et s'inserit dans un continuum énergétique. Succédant à la déferlante d'adrénaline d'un assaut, et les moments d'amnésie et de descente qui leur font suite, la fête prévient de la collapse et injecte une nou- velle intensité pour se retrouver, communier, tenir debout, ensemble et longtemps. Elle est l'antidote au fatalisme qui suit un repli ou un échec, le panse- ment d'un corps collectif fourbu ou abîmé, un regain d'énergie salvateur. Elle est l'espace-temps où se rejoue le collectif constitué dans le jour. Elle panse les plaies, dévoile des terreaux de joie, rapproche les corps et les personnes. Bien sûr, certains jours, le déferlement de violence policière est tel - comme à Sainte-Soline en 2023 - que la fête ne peut rien face à la rudesse du jour. Ces jours-là, aucune enceinte, à la fatalité d'un combat déséquilibré. aucun BPM, aucun déguisement ne peut rien face La fête et, dans la fête, la danse, incarnent aussi un pendant du rapport à leur corps, individuel et collectif, des activistes. Les corps qui dansent et se rejoignent au son chaud des enceintes sont les mêmes corps boucliers, les corps remparts, les corps en prise au risque d'être mutilés, violentés ou contraints plus tôt dans la journée. Au corps-combat, la fête repose pour mieux repartir.

Lien vers le livre
Arnaud Idelon "BOUM BOUM, Politique du dancefloor, 2024