"Nan et Brian au lit",,
New York, 1983
Cette photographie qui est la couverture du livre "The Balled of Sexual Dependency"; elle résume la poétique du cycle en son entier. Elle réussit parfaitement à dresser le portrait d'une relation intime, de deux existences solitaire et de la perpétuelle dialectique des sexes. Les jeux de lumière y augmentent l'idée de séparation et de différence. L'ambivalence que l'on note dans l'expression de Nan - qui souhaite plus de contacts mais qui est aussi craintive - indique l'avenir de leur relation. Nan a pris cette photo a l'aide d'un déclencheur.
"Couple au lit",
Chicago, 1977
Nan Goldin est souvent présente dans les moments très privés de la vie de ses amis. La confiance qu'elle cultive avec ses proches lui permet de saisir et de rendre public ce que l'on garde d'habitude pour soi. C'est l'une de ses préoccupations: pousser les limites des taboux sociaux. Cette photo exprime ce que Nan perçoit comme le moment particulier de l'isolement et de l'alinéation après l'amour entre un homme et une femme. Il existe souvent une grande distance dans l'intimité ; un paradoxe que Nan explore avec audace dans son oeuvre la plus connue, The Ballad of Sexual Dependency
"Trixie sur le lit de camp",
New York, 1979
Parmi les photos prises lors de soirées et qui émaillent comme des leitmotivs la Ballad, celle-ci est certainement l'une des plus évocatrices. La solitude dans la foule et la tristesse comme anthitèse inévitable de la fête sont les caractéristiques des photos de cette période. Elles associent l'excitation propre à la vie en communauté à une concsience de la destinée humaine. Une mélancolie délicate règne dans un grand nombre de ses photographies, même dans celles qui sont le plus gaiement transgressives.
"Rise et Monty en train de s'embrasser",
New York, 1988
Cette photo est un autre chef - d'oeuvre d'équilibre et de tensions visuelles. Elle démontre l'extraordinaire capacité de l'artiste à capter le pouvoir de la sensualité. Ce cliché présente un moment où les différences entre les sexes semblent disparaître dans une communion érotique. Le regard de l'artiste, bien que complice, communique toutefois un certain malaise, comme si la rencontre érotique était provisoire ou vouée à léchec.
"Rayan dans la baignoire",
Massachusettes, 1976
Chez Nan Goldin, les femmes dans leur bain sont un thème récurrent, depuis ses prmières oeuvres. Au départ, elle n'a pas choisi ce thème concsiement. Elle est depuis toujours attirée par l'eau. Ce thème peut évoquer le ventre de la mère ou le sommeil, la naissance ou la mort. Cette photographie de l'amie qui partageait sont logement présente une androgynie extrême, typique de son oeuvre.
"Le Bras de Gilles",
Paris, France, 1993.
Cette photographie, un memento mori d'une puissance extrême, termine symboliquement l'histoire de Gilles et de Gotscho. Ce bras atrocement maigre qui repose inerte sur un lit d'hôpital et le calme digne de la mort lui donnent un retentissement qui dépasse l'histoire individuelle qu'il exprime.
Half grid, une courte série de photographies un peu plus tardives sur la mort d'un autre ami, Half, atteint du sida, a une intensité semblable.
"Skinhead faisant l'amour",
Londres, Angleterre, 1978.
Nan Goldin est célèbre pour ses portraits explicitement érotiques, mais son travail n'est jamais pornographique ou sensationnaliste. C'est l'une des femmes artistes les plus franches à propos de la sexualité, qu'elle montre sous toutes ses formes dans ses photographies, empiétant en cela sur un domaine auparavant réservé aux photographes masculins.
Nan Goldin voit d'abord le sexe comme un miroir de l'âme, qui fait partie d'une relation plus complexe liée aux joies et aux peines propres à l'amour et à l'amitié. Cette idée est manifestement présente dans le schéma abstrait de cette photo qui se soucie exclusivement de la forme des deux corps assemblés.
"Voiture enfumée",
New Hampshire, États-Unis, 1979.
Les faits insignifiants de la vie quotidienne, les non-événements et l'anonymat des gestes répétés (fumer une cigarette ou boire une bière) attirent souvent le regard de Nan Goldin. Cette photographie s'intéresse aux contrastes entre l'ombre et la lumière, entre l'intérieur et l'extérieur. Elle représente un moment suspendu dans le temps et saisit, comme beaucoup d'autres images de Nan Goldin, le sentiment de solitude et d'isolement, vivace même dans les situations agréables.
"Anthony à la mer",
Brighton, Angleterre, 1979.
Un autre thème récurrent et subconscient dans l'œuvre de Nan Goldin est celui des gens qui regardent par la fenêtre. Il représente simultanément un intérieur et un extérieur, à la fois au sens physique et psychologique. Nan Goldin s'approprie ici deux réalités distinctes: la mélancolie de l'homme et la mer. C'est l'une de ses photographies les plus classiques, et aussi des plus célèbres; elle marque le début d'une création mûre et épanouie.
"Lits vides",
Boston, États-Unis, 1979.
Cette photo est prise juste après l'amour. Pour Nan Goldin, la photo d'une pièce est une forme de portrait. Les lits vides, faits ou défaits, somptueux ou sordides, sont des sujets qui reviennent souvent dans son œuvre. Ils constituent l'une de ses principales obsessions : son besoin de se souvenir des lieux autant que des gens. Ils suggèrent des pertes et des départs constants et la difficulté qu'il y a à trouver une place stable dans son propre parcours. Le même sentiment ambigu parcourt sa longue série de photos de chambres d'hôtels publiée sous forme de livre et intitulée Vakat (en collaboration avec Joachim Sartorius, 1993).
"Greer et Robert sur le lit",
New York, États-Unis, 1982.
C'est l'une des photos préférées de Nan Goldin. Elle est typique de l'atmosphère intensément dramatique des images qui composent la Ballad. Cette photographie est particulièrement poignante car elle exprime le désir, non réciproque, que Greer ressent pour Robert. La lumière qui enveloppe son corps lui donne une qualité aérienne surnaturelle. C'est une magnifique évocation de l'aliénation qui existe entre les sexes. Jusqu'à sa mort prématurée à Chicago en 1999, Greer, une artiste de l'East Village, fut proche de Nan. L'une des premières « grilles» de la photographe, Greer grid
(1999), lui est consacrée; elle raconte l'histoire de sa courte vie et sa transformation d'homme en femme.
"Gotscho embrassant Gilles",
Paris, France, 1993.
La tendresse de ce dernier adieu est accentuée par la différence qui existe entre les deux hommes : l'un est rongé par la maladie, l'autre est en pleine forme physique. Gotscho, un artiste parisien, a raconté ce court instant avec beaucoup d'émotion et de délicatesse, à la première personne, dans I'll Be Your Mirror, un court-métrage que Nan Goldin a créé pour la BBC.
"Les Frères Honda dans une tempête de cerisiers en fleurs",
Tokyo, Japon, 1994.
Au cours des années 1990, Nan Goldin a fait plusieurs séjours au Japon, où son œuvre est connue et très appréciée. Des œuvres photographiques variées attestent de cette période; certaines représentent des scènes de boîtes de nuit, d'autres sont plus privées et plus personnelles. Cette pluie de fleurs de cerisier, un symbole de la brièveté de la beauté, anime la scène et transforme ce portrait des frères Honda en une image où le sujet et le décor s'équilibrent avec succès. C'est une photographie sur le thème du printemps au Japon, mais c'est aussi une œuvre qui adopte le traitement de la peinture abstraite et de l'expérimentation cinétique.
"Kathleen au Bowery Bar",
New York, États-Unis, 1995.
Kathleen est une artiste new-yorkaise et une grande amie de Nan depuis les années 1980. Dans le contexte de ses portraits de femmes, elle représente un type de beauté d'un autre âge, à la sensibilité vive et exacerbée. C'est précisément pour son mélange de sauvagerie et de fragilité que Nan Goldin l'a souvent prise comme modèle; elle essaie toujours de capter ses traits mélancoliques et sa douce sensualité.
"Pawel en train de rire sur la plage en hiver",
Positano, Italie, 1996.
Cette photographie date du retour de Nan Goldin à Positano, où elle a passé de longues vacances avec Cookie Mueller et Vittorio Scarpati dix ans plus tôt. Pawel vient juste de sortir d'une mer d'hiver glacée. C'est une photographie joyeuse et ensoleillée, qui témoigne parfaitement d'un retour vers le passé, mais vers un passé que l'on voit d'une nouvelle manière. On retrouve ce nouveau regard dans de nombreuses photographies du cycle des photos italiennes.
"Les Cierges de Fatima",
Portugal, 1998.
Cette photographie montre l'intérêt de Nan Goldin pour les sujets religieux ou, plus généralement, pour une forme particulière de spiritualité. Goldin voit cette œuvre, prise dans l'église de la Vierge de Fatima, au Portugal, comme un hommage à ses amis défunts. (Quand elle entre dans une église, elle allume toujours des cierges pour ses amis morts du sida et pense que cela les fait survivre.) Cette photo a souvent été exposée dans des contextes religieux (comme au palais des Papes à Avignon) comme élément du cycle intitulé Positive grid (2000).
"Guido sur les quais",
Venise, Italie, 1998.
Cette photographie de l'un des amis italiens de Nan est un exemple de son nouvel intérêt pour le contraste entre la silhouette et le paysage et de sa nouvelle faveur pour une atmosphère douce et réfléchie. Elle n'appartient à aucun cycle, mais elle présente de forts liens avec un ensemble de photos d'extérieur où l'artiste utilise la lumière naturelle d'une manière particulière et le corps humain en tant que forme purement abstraite, comme dans Gigi dans la lumière de la Grotte bleue, 1997
"Joana en train de rire",
L'Hôtel, Paris, France, 1999.
Joana, une jeune chanteuse d'opéra parisienne, est devenue récemment l'un des modèles préférés de Nan Goldin. La photographe s'est toujours intéressée à la grammaire de la beauté féminine et elle a trouvé en Joana un parfait exemple du pouvoir de séduction qui provient, dans son cas, plus du magnétisme de sa personne, de son expression et de l'irrégularité de ses traits que des conventions classiques de la beauté.
"Clemens et Jens, main dans la bouche",
L'Hôtel, Paris, France, 1999.
Malgré son expérience intime de l'homosexualité, rares sont les photos de Nan Goldin qui en soulignent aussi explicitement la composante érotique. Cette photographie appartient au cycle des photos parisiennes (destiné à Libération) et montre deux jeunes amants dans un moment intime. Clemens, un acteur de théâtre berlinois et vieil ami de Nan Goldin, apparaît sur beaucoup d'autres photos de l'artiste et semble incarner le prototype d'une beauté masculine rêvée.
"Joana et Aurèle s'envoyant en l'air dans mon appartement",
New York, États-Unis, 1999.
La sexualité a toujours eu une place prépondérante dans l'œuvre de Nan Goldin. Dans cette photographie de Joana et d'Aurèle prise chez Nan, la composition diffère toutefois d'autres photographies du même thème, comme celles de la Ballad.
Ici, tous les signes de brutalité ont disparu (bien qu'ils soient encore présents dans d'autres photos sur ce thème) et ils sont remplacés par une approche plus romantique et plus tendre.
"Famille française avant le bain",
Sag Harbor, Etats-Unis, 2000.
Aurèle et Joana, photographiés ici avec Lou - la fille de la cantatrice -, figurent dans une longue série d'images familiales, prise durant leur séjour chez Nan à Sag Harbor. Les rituels domestiques d'une jeune famille sont relatés par quelqu'un qui prend part à son existence, dans le contexte d'une expérience de vie communautaire. Cette série d'images contient certaines des plus intimes de son œuvre récente. Elle est le fruit d'une association qui est tout d'abord d'ordre privé, mais se transforme ensuite, comme c'est toujours le cas chez Nan Goldin, en une œuvre d'art sophistiquée.
"Joana de dos dans l'encadrement de la porte à Châteauneuf-de-Gadagne",
Avignon, France, 2000.
Nan Goldin a immédiatement été captivée par la nudité de Joana qu'elle montre avec grand naturel, comme si c'était une manière de se vêtir. L'artiste en a fait le sujet de centaines de photos. La relation naturelle de Joana avec son corps enlève a l'image toute connotation érotique et le modèle se transforme en un nu classique au sens grec. Pourtant, l'organisation traditionnelle de l'image se mélange à un traitement particulier de l'arrière-plan qui anime l'image et en accentue son caractère narratif principal : la femme et son amant qui se regardent de loin.
"L'Étreinte",
New York, États-Unis, 1980.
Cette photographie est, à juste titre, l'une des plus appréciées parmi les premières œuvres de Nan Goldin. On dit souvent que c'est un petit chef-d'œuvre de style et de composition. Elle incarne l'essence même du slide show le plus connu de l'artiste et de son premier livre : The Ballad of Sexual Dependency. L'étreinte de l'homme est à la fois tendre et puissante, comme si le . couple était engagé dans une lutte. Elle évoque le tiraillement entre l'autonomie et la dépendance qui sont des sentiments inhérents à la plupart des relations amoureuses.
"David au lit",
Leipzig, Allemagne, 1992.
Le photographe David Armstrong est le plus vieil ami de Nan Goldin. Elle l'a photographié, adolescent, dans les années 1970 et l'on peut dire que leurs carrières sont parallèles, bien qu'elles soient différentes. En 1994, ils produisent ensemble Double Life, un livre qui raconte leur association artistique et personnelle sur plus de vingt ans. Parmi les nombreuses photos où figure David, celle-ci souligne particulièrement les liens étroits qui les ont longtemps unis, d'abord au Bowery, quand ils partageaient le même studio, puis au cours de leurs longs voyages. David a été commissaire d'exposition pour la rétrospective de Nan Goldin au Whitney Museum de New York, en 1996, et pour sa tournée européenne l'année suivante.