FENO

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Beaucoup de BOLOs ont besoin ou désirent une plus grande variété de biens que celle qu'ils sont en mesure de produire. Mais certains de ces biens (ou services) sont une nécessité permanente et à long terme. C'est pourquoi le recours à des dons ou au fonds commun n'est pas possible. Pour ce genre d'échanges mutuels, réguliers et permanents, les BOLOs concluent des accords de troc (FENO).

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Les accords de troc complètent l'auto-suffisance et réduisent le travail, car le BOLO n'est pas obligé de tout savoir faire. Sans compter que, pour certains produits, des unités de production plus grandes sont plus efficaces et même moins nocives pour l'environnement. Ces accords sont utilisés pour l'échange de biens dont on a besoin de manière permanente, tels que nourriture, textiles, services de réparation, matières premières, etc.(19)

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NOTES 19
«... tels que nourriture, textiles, services de réparation, matières premières, etc.», p. 158.

Le FENO est un système de troc (sans circulation d'argent), ce qui ne le protège pas forcément d'une logique économique. Tout comme les partenaires du troc tiennent compte dans leurs échanges de la quantité de travail contenue dans les objets, le FENO relève de l'économie et pourrait être même mieux réalisé avec de l'argent. C'est ainsi qu'existent aux États-Unis des entreprises de trocs qui utilisent l'ordinateur et dont le chiffre d'affaires est de l'ordre du milliard de dollars (15 à 20 milliards de dollars en 1982 sans bouger un seul dollar). En dehors de la fraude fiscale, ces systèmes ont plusieurs avantages, mais ils restent à l'intérieur du cadre économique. Une autre forme de troc est pratiquée par les gens d'une petite région autour de Santa Rosa au nord de San Francisco: ils travaillent les uns pour les autres, reçoivent un chèque pour leur temps de travail et peuvent faire jusqu'à 100 heures de 'dettes'. Un bureau coordonne ces services mutuels. Ces systèmes de coopératives existaient déjà au moment de la crise des années 30. Bien qu'aucun argent ne circule, l'échange est entièrement économique, car il n'y a pas de grande différence si on écrit sur un bout de papier '1 heure', '1 dollar' ou '1 franc'. Il n'y a que le graphisme qui soit plus ou moins sophistiqué. Le troc peut réduire l'anonymat et empêcher certains excès de l'économie monétaire, mais il ne signifie pas son abolition. Ce n'est qu'en combinaison avec des valeurs culturelles et grâce au degré élevé d'auto-suffisance qu'on peut éviter que le troc ne devienne un élément économique important. Les échanges de trocs ne se produisent que parce que deux BOLOs ont quelque chose en commun au niveau culturel. Ils peuvent avoir en commun des relations, des religions, une musique ou une idéologie alimentaire. Les Juifs, par exemple, n'achètent leur nourriture que dans des magasins juifs non pas parce qu'elle est meilleure ou moins chère mais parce qu'elle est casher. Toute une série de biens sont déterminés culturellement par la manière dont ils ont été produits et il ne peuvent être utiles que pour des gens qui ont la même préférence culturelle. Comme dans BOLO'BOLO il n'y a pas beaucoup de production de masse, il n'y a pas non plus de distribution ni de publicité de masse. Les échanges sont non économiques, personnels et la comparaison du temps de travail investi dans les biens est secondaire. La mesure du temps de travail nécessaire est presque impossible car, le travail salarié étant aboli, il n'y a pas de laboratoires de mesure (d'usines) pour connaître le travail socialement nécessaire d'un produit donné. Comment déterminer la quantité de travail nécessaire pour un processus de production donné si ce processus se déroule chaque fois dans d'autres conditions et de manière différente? Sans la grande industrie, il n'y a pas de valeur d'échange sûre. La valeur reste approximative (aussi longtemps qu'il y a échange social) mais elle peut devenir instable, inexacte et sans importance (dans certaines conditions).

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Le nombre, l'importance et le type de tels accords varient selon l'organisation interne des BOLOs et leur identité culturelle. Les relations culturelles et personnelles déterminent le choix d'un partenaire bien plus que des catégories objectives (comme les termes de l'échange, la qualité, la distance, etc.).

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Pour rendre plus flexible le système de troc, on peut utiliser le réseau informatisé. Les 'offres' sont stockées dans une base de données qui est consultée par ceux qui cherchent un certain produit. La quantité, la qualité et le transport optimum sont calculés automatiquement. Ce système de troc local ou régional évite en outre les sur-productions ou les sous-productions momentanées. Avec l'aide de programmes sophistiqués, les ordinateurs produisent des prévisions qui dépistent d'éventuels manques. Mais, encore une fois, les BOLOs ou les autres participants décident librement s'ils veulent être raccordés à un tel système et s'ils veulent accepter les recommandations des ordinateurs.

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À la longue, les accords de troc forment un tissu équilibré, aux mailles serrées et fiables, qui s'adapte continuellement aux circonstances changeantes. Pour réduire les frais de transport (l'une des limitations principales du système), les échanges portant sur de grandes quantités, ou qui ont une fréquence très rapprochée, sont conclus entre BOLOs rapprochés. Si un BOLO a conclu 500 accords de troc, on peut estimer que 300 d'entre eux l'ont été avec des BOLOs adjacents ou des BOLOs du même arrondissement. Dans certains cas, les BOLOs adjacents sont connectés de manière tellement étroite qu'ils forment des Bi-BOLOs, des Tri-BOLOs ou des grappes de BOLOs. Plus le partenaire de troc est éloigné, plus les biens en question sont raffinés, légers et rarement échangés. Avec les BOLOs éloignés, on n'échange que des spécialités locales typiques (du caviar d'Odessa, du thé de l'Inde, du bourbon de Louisville, etc.).

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Des accords de troc existent aussi entre arrondissements, comtés ou même régions. Il existe aussi des accords verticaux, par exemple entre BOLOs et arrondissements. Les accords externes à l'arrondissement sont coordonnés afin d'éviter le transport de biens identiques.