L'un des problèmes que posent les institutions sociales, même quand elles remplissent les fonctions les meilleures et les plus innocentes, est qu'elles sont entraînées par une dynamique propre de centralisation et qu'elles ont tendance à se détacher de leurs parties constituantes. Toute société court le risque de retour à l'État, au pouvoir et à la politique. La meilleure barrière contre ces tendances est l'auto-suffisance des
BOLOs. En dehors de cela, toutes les autres méthodes de la démocratie formelle sont sans effet, qu'il s'agisse du principe de la délégation par le bas, du système de rotation des mandats, de la publicité des débats, du droit à une information complète, de la délégation tirée au sort. Il n'y a pas de système plus démocratique que celui qui garantit l'indépendance matérielle et existentielle de ses membres. Il n'y a pas de démocratie possible pour les exploités, les économiquement faibles et ceux qui sont soumis au chantage
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Une fois posée l'autonomie des
BOLOs, certaines propositions doivent minimiser les risques de renaissance de l'État. À l'intérieur des
BOLOs il n'y a pas de règles, car leur organisation interne est déterminée par leur style de vie et leur identité culturelle. Mais au niveau de l'arrondissement et de toutes les institutions plus 'élevées', la procédure peut être la suivante (les
BOLOs de chaque arrondissement trouvent naturellement leur propre système) :
Les affaires de l'arrondissement sont discutées et mises en train par l'assemblée d'arrondissement (DALA) à laquelle chaque
BOLO envoie deux délégués. Il y a, en plus, deux délégués externes (DUDIs) venant d'autres assemblées (voir ci-dessous). Les délégués de
BOLOs sont tirés au sort et la moitié des délégués sont de sexe masculin (afin que les femmes ne soient pas en trop grand nombre, elles qui forment déjà une 'majorité' naturelle).
Tout le monde participe à ce tirage au sort, y compris les enfants (ils peuvent y amener leurs mères). Personne ne peut superviser ou imposer un tel système, car il n'existe que comme un accord entre les
BOLOs.
L'assemblée d'arrondissement (DALA) choisit deux DUDIs parmi ses membres, tirés au sort, eux aussi. Ces délégués externes sont envoyés par un autre système de tirage au sort dans d'autres assemblées (celles d'autres arrondissements, comtés ou régions) d'un autre niveau, dans une autre zone. Ainsi un arrondissement de Marseille envoie ses observateurs auprès d'une assemblée de la région de Toscane (voir
FUDO), l'assemblée du comté de Forêt Noire envoie ses observateurs à une assemblée d'arrondissement de Berlin, la région de Malte envoie ses observateurs auprès d'une assemblée de comté à Helsinki et ainsi de suite. Ces observateurs ou délégués ont le droit de vote et ne sont pas tenus à la discrétion; au contraire, ils doivent pratiquer l'indiscrétion et l'interférence dans les affaires des autres.
Ces observateurs cassent le jeu de la corruption locale, introduisent des opinions complètement étrangères et développent des comportements qui dérangent le déroulement des séances. Ils servent notamment à empêcher les assemblées de développer des tendances isolationnistes et des égoïsmes régionaux.
En outre, les assemblées à tous les niveaux sont limitées dans le temps (élection pour une année seulement), le débat est public, la retransmission télévisée est assurée et chacun a le droit d'être entendu pendant les sessions.
Chaque
BOLO définit le statut de ses délégués qui sont plus ou moins indépendants des instructions reçues. Leur mandat est impératif ou ne l'est pas, suivant le type de
BOLO qu'ils représentent, plus libéral ou plus 'socialisé'. Les délégués sont responsables de l'exécution de leurs décisions (ceci est une autre limitation des tendances bureaucratiques) et leurs activités sont considérées comme faisant partie du travail obligatoire (
KENE).
Les DALAs à tous les niveaux ne sont pas comparables à des parlements, des gouvernements ni même des organismes d'auto-administration. Ils ne font que gérer quelques relations sociales et les accords entre
BOLOs. Leur légitimation est faible (tirage au sort), leur indépendance aussi et leurs tâches sont pratiques et limitées localement. Les DALAs sont plutôt comparables à un Sénat ou à une Chambre des lords, c'est-à-dire des réunions d'unités indépendantes, une sorte de 'démocratie féodale'. Ils ne sont pas non plus des confédérations. Les
BOLOs peuvent toujours boycotter leurs décisions ou convoquer des assemblées générales et populaires...
NOTE 16. En fait le terme grec demokratia désigne la loi des dèmes, ce qui n'a rien à voir avec le peuple, mais représente les clans des citoyens qui, à l'origine, étaient des unités tribales possédant suffisamment de terre pour vivre en autarcie alimentaire (très proche du BOLO-type, si on excepte la question de l'esclavage, bien sûr!). Hors du dème, pas de citoyenneté, l'autarkeia étant la condition de la souveraineté politique. Depuis, tous les systèmes de laiokratia, 'gouvernement des masses', ont montré qu'ils étaient soit faibles, soit extrêmement fragiles et sujets à la manipulation par la classe réellement au pouvoir. Après tout, Hitler a été élu...
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