Récemment je me suis rendu compte que le terme de bricolage était fréquemment employé dans le champ du design. Il est généralement employé avec deux significations bien distinctes. La première est péjorative, elle est utilisée pour parler de la mauvaise utilisation d’un outil, entraînant une réalisation techniquement incorrecte et souvent bancale. La seconde est davantage méliorative et sert à qualifier le détournement ou la réunion de moyens techniques déjà existants afin de simplifier la réalisation de projet techniquement complexe ou bien afin d’ouvrir le champ des possibles. C’est ce second sens qui m’intéresse tout particulièrement.
Dans cet écrit, je m’appuie sur la définition du bricolage donnée par Claude
Lévi-Strauss dans La pensée sauvage. Texte majeur de l’anthropologie
moderne, il a influencé l’ensemble des sciences humaines et sociales.
En utilisant la métaphore du bricolage il pose un cadre théorique
permettant d’aborder sous un nouvel aspect la distinction traditionnelle
entre pensée et action. Il pose ainsi cette définition :
Le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâches
diversifiées; mais, à la différence de l’ingénieur, il ne subordonne pas
chacune d’elles à l’obtention de matières premières et d’outils, conçus et
procurés à la mesure de son projet : son univers instrumental est clos, et
la règle de son enjeu est de toujours s’arranger avec les « moyens du bord
», c’est-à-dire un ensemble à chaque instant fini d’outils et de matériaux,
hétéroclites au surplus, parce que la composition de l’ensemble n’est
pas en rapport avec le projet du moment, ni d’ailleurs avec aucun projet
particulier, mais est le résultat contingent de toutes les occasions qui se
sont présentées de renouveler ou d’enrichir le stock, ou de l’entretenir avec
les résidus de constructions et de destructions antérieures.
Cette définition est intéressante pour de nombreuses raisons. Dans un premier temps, elle pose le bricoleur comme un accumulateur, glanant des outils au fur et à mesure de son existence. Il ne cherche pas ce qui lui est nécessaire mais récolte ce qu’il trouve intéressant, attire sa curiosité et dans lequel il voit du potentiel, en d’autres termes il laisse exprimer sa sensibilité à travers les objets. Le bricoleur est posé comme un individu capable de créer à partir de n’importe quel outil à sa disposition, peu importe leurs natures ou bien leurs origines. Si l’on se borne à l’acception actuelle du bricolage, alors seuls les éléments matériels posséderaient une forme de sensibilité attirant la curiosité, le numérique et l’immatériel en seraient à l’inverse totalement dénués, les plaçant hors du champ de compréhension du bricoleur. Par la même occasion, cela reviendrait à retirer l’une des caractéristiques principale du bricoleur : la curiosité. Cette curiosité n’est nullement en lien avec la matérialité des choses, bien au contraire elle se manifeste sur tout ce que peut rencontrer le bricoleur, que ce soit matériel ou non. Elle permet donc de sortir le bricolage de son acception actuelle et d’élargir très largement son champ d’action. Le stock du bricoleur ne serait alors plus constitué uniquement d’outil tangible mais il serait augmenté d’idée, de concept théorique et d’outils numériques. Dans cet écrit je vais essayer de comprendre l’importance du bricolage dans le champ du design. Je vais m’intéresser au bricolage dans le champ de la production puis dans celui de la création.
[a]
Bookend
Helmut Smits
2006
«By placing a big book under one
side of a bookcase you don’t need
bookends anymore.»
[b]
Chaussures de contrebandiers
mexicains modelées pour laisser
des empreintes de sabots de vache.
L’idée est empruntée à un épisode
de Sherlock Holmes.
[1]
Willem Flisser
Petite philosophie du design
2002
[2]
Sophie Freto
Bricolage dans le design
2015
Dans un premier temps, le rapprochement entre design et bricolage peut sembler saugrenue. En effet, le design travaille en lien étroit avec les moyens de production de masse et est associé à l’industrie. Il est ici question de rentabilité et d’efficacité, le bricolage ne permettant pas de remplir ces critères il n’a donc que peu de place dans le domaine de la production de masse. Cependant quand l’on se penche sur la signification du mot « design » on se rend compte qu’il signifie entre autre « donner forme », « procéder de façon stratégique », « manigancer » et « ruser » [a] [1] . Le terme « bricolage » quant à lui signifie « moyen détourné », « habile », et qualifie une sorte de ruse, qui peut parfois viser à abuser d’autrui, à « manoeuvrer sournoisement »; la formule « donner la bricole à quelqu’un » signifiant « tromper quelqu’un » en atteste [b] [2]. Au final design et bricolages possèdent des caractéristiques communes.
[c]
« Élévation perspective du
métier à faire le galon » Diderot et
d’Alembert, Dictionnaire raisonné
des sciences, arts et métiers.
[3]
Sophie Freto
Oeuvrer avec les machines
numériques
2017
[4]
Walter Benjamin
L’oeuvre d’art a l’époque de sa
reproductibilité technique
1955
[5]
Pedro Rioux de Maillou
Les arts décoratifs et les machines
1895
[6]
Sophie Freto
Oeuvrer avec les machines
numériques
2017
Avec la révolution industrielle, les machines sont devenues des outils
fermés, créés par des ingénieurs totalement déconnectés des logiques de
création et dont le seul but est la quête de performance, l’expérimentation
à l’aide des machines est alors devenue impossible. Les différents
moyens de productions sont devenus de stricts moyens d’exécutions [3].
Avec l’automatisation, l’Homme n’a plus accès aux différents niveaux de
production, il a été remplacé par des machines et n’intervient uniquement
quand elles ne le peuvent pas. Il en résulte une surabondance d’objet
fade et insipide, manquant cruellement de la sensibilité propre à l’Homme,
autrement dit l’objet est dépossédé de son hic et nunc [4].
Avant la mécanisation des moyens de productions, l’Homme avait
accès à la machine, il devait apprendre à la maîtriser, à ne faire qu’un avec
elle pour pouvoir en tirer son plein potentiel, l’expérimentation était alors
laissée possible [c]. Dans Les arts décoratifs et les machines publié en
1895, Pedro Rioux de Maillou disait ainsi
Il faut bien loin que le métier,
la machine, mécanise l’Homme, que l’Homme au contraire, chevauche le
métier en écuyer maître de sa monture, capable de faire passer en elle
toute ses volontés, même presque ses désirs, ses impressions [5].
L’ouvrier était considéré comme un artisan capable d’insuffler de sa propre
sensibilité dans ce qu’il produisait. La séparation entre Homme et machineainsi que la fermeture des machines a fortement impacté la créativité,
elle se retrouve bridée car tout un pan de possibilités se trouve désormais
impraticable.
Afin de remédier à cela, il serait alors nécessaire pour le designer
de se comporter en tant que bricoleur afin de transformer ces systèmes
fermés en outils permettant l’expérimentation. Le bricolage permettrait
ici de retrouver cette proximité avec la machine et de les sortir de leurs
rôles de stricts moyens d’exécution pour les amener vers un rôle d’outil
permettant de travailler la matière et de générer des formes spécifiques,
incitant en somme à oeuvrer avec elles [6]. Un dialogue doit se créer entre
ingénieur et designer afin de faire évoluer les machines vers des outils avec
lesquelles il serait possible d’oeuvrer. Cependant à l’heure actuelle, cela
semble davantage tenir de l’utopie. Le rôle de l’Homme dans la production
diminue d’année en année et les progrès techniques ne font qu’accentuer
cet état de fait, retirant la présence de l’Homme dans tous les domaines
où les machines peuvent intervenir. Cependant, à de plus petites échelles,
certaines initiatives apparaissent, laissant présager des changements.
Les fablabs (fabrication laboratory) sont l’une d’entre elles. Il s’agit sans doute de l’une des formes les plus abouties de cette volonté des individus à ne pas se laisser dicter ce qu’ils ont à faire par des machines prêtes à l’emploi. Véritable paradis du bricoleur, le premier fablab naît au Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 2001 et se trouve enraciné dans la culture hacker. Ils constituent de nouveaux espaces de fabrication où des relations directes aux outils sont possibles, de façon non hiérarchique et sous l’angle du partage des connaissances. Il s’agit de lieu ouvert au public où il est mis à sa disposition toutes sortes d’outils, autant physique que numérique, notamment des machines pilotées par ordinateur, et permettant de passer plus rapidement de la phase de concept à celle de déploiement. Les fablabs peuvent être pensés comme une alternative à l’automatisation industrielle, propice à l’épanouissement personnel et collectif. En leur sein, il ne s’agit pas uniquement d’imaginer un objet réalisé par des machines, mais également de penser les façons de travailler et de les concevoir avec elles, en somme d’oeuvrer avec la machine. L’intérêt même de ces lieux est de permettre de retrouver le lien entre Homme et machine, favorisant l’expérimentation et la recherche. Par la même occasion l’erreur est laissée possible et est considérée comme bénéfique. À travers la multiplicité des possibilités, le créateur est alors incité à adopter la posture du bricoleur, farfouillant dans le stock à sa disposition et cherchant les différentes possibilités. Ces lieux sont des sortes de bouillons culturels dans lesquels aussi bien les idées, techniques et matériaux sont échangés, confirmant par la même occasion que le stock du bricoleur ne se limite pas aux outils matériels, mais comprend également des concepts théoriques et des outils numériques. En 2018 près de 400 fablabs, hackerspaces et autres makerspaces étaient recensés en France, montrant un réel engouement pour ce type de lieux et les valeurs qu’ils véhiculent.
[d]
Proposta per
un’
autoprogettazione
Enzo Mari
1974
[7]
Wiliam Morris
Art et artisanat
1889
D’autre part, on observe depuis plusieurs années un réel engouement
de la population pour le DIY (Do It Yourself). Ce terme désigne la volonté
d’individus de créer ou de réparer des objets de la vie courante notamment
dans un but esthétique. Cette tendance traduit une lassitude de la
population envers la surabondance d’objets fades et sans âme issue de la
production de masse, au profit d’objets authentiques et sensibles.
En somme, ils cherchent à retrouver le hic et le nunc qui ont été perdus
avec l’avènement de l’industrialisation. William Morris disait ainsi
Si vous vous abstenez d’appliquer l’art aux articles utilitaires, ce ne sera pas des
articles utilitaires quelconques que vous aurez, mais des objets utilitaires
qui véhiculeront le même genre de fléau que des couvertures contaminées
par la petite vérole ou la fièvre écarlate [7].
Tout comme les fablabs, le DIY marque la volonté des individus de ne
pas subir les objets environnants, une volonté de retour à une production
raisonnée et faisant appel à l’Homme, permettant d’obtenir des objets
originaux et non des objets sans âme. Pour ce faire, les consommateurs
deviennent tant des bricoleurs que des designers amateurs, cherchant
à insuffler de leur propre sensibilité et goût esthétique dans les objets.
La multiplication des friperies et autres recycleries ne fait que confirmer
cet état de fait, et sert de stock géant autant aux adeptes du DIY qu’aux
bricoleurs ou bien aux designers.
Le bricolage en design peut également relever d’une approche
critique à l’encontre de la société de consommation. A travers son projet
Proposta per un’autoprogettazione [d], Enzo Mari incite à penser autrement
les processus de production et de consommation, opérant une critique
des logiques consuméristes capitalistes. Il met ainsi à la disposition du
public des plans ainsi qu’un matériel élémentaire permettant aux visiteurs
de construire eux-mêmes différents objets domestiques : tables, chaises,
bancs, étagères, etc..
La généralisation de cette double casquette de bricoleur/designer amateur permettrait d’obtenir une société plus éveillée, capable d’agir sur son environnement proche et de résoudre les problèmes autant éthiques qu’esthétiques qu’elle identifie. Cependant cette posture n’est possible que grâce à l’éducation. Or le cursus scolaire classique (collège, lycée) n’aborde absolument pas les questions éthiques et esthétiques, le but étant de créer des travailleurs efficaces et non pas des individus capables de porter un regard critique sur la société et son environnement. Un enseignement d’art devrait ainsi être pratiqué dès le plus jeune âge, à la manière de l’anglais qui commence à être abordé au primaire, et se poursuivrait tout au long des études, permettant de créer des individus capables de porter un regard critique sur leurs environnements et d’agir sur celui-ci.
[8]
Sophie Freto
Bricolage en design
2015
[9]
Sophie Freto
Bricolage en design
2015
Ce rapprochement entre design et bricolage s’opère plus fortement encore dans le domaine de la création. Avec l’avènement du numérique, le rapprochement entre design et bricolage s’est accentué notamment de par la multiplication des outils à disposition. Cependant cette rencontre du design et du bricolage n’est pas si récente, et il serait erroné de penser que le numérique l’occasionne, néanmoins ce dernier actualise des formes plus anciennes de bricolage (ou les rend plus manifestes encore qu’elles ne l’étaient auparavant) tandis qu’il en inaugure d’autres [8]. Dans le domaine du numérique, le bricolage va se manifester notamment à travers la programmation, le codage, le détournement de machines ou bien encore la création de plugins, permettant d’échapper à un déterminisme trop important induit par les logiques propriétaires. Les designers ne sont ainsi pas uniquement des usagers mais des acteurs, modifiant, transformant et détournant les outils de leur utilisation première et par la même occasion critiquant leurs usages [9].
[10]
Julien Bidoret
ÉSAD-Pyrénées, Atelier web
A l’heure actuelle, Adobe possède une puissance hégémonique sur l’écosystème de la création graphique, ce qui pose certains problèmes. Cette hégémonie crée une forte dépendance à leurs services, la majorité des créatifs utilisant ces logiciels, il est ainsi quasi obligatoire de les posséder afin de pouvoir travailler en collaboration avec d’autres designers. Sans concurrence et avec une forte dépendance du milieu artistique à leurs services, il leur est alors possible d’imposer les règles qu’ils souhaitent [10]. Ainsi Adobe est passé d’un système d’achat de ses produits à la location. Hors réduction il faut alors débourser 24 euros par mois pour Photoshop, ce dernier coûtait alors 954 euros en 2015 pour une acquisition définitive. Sur la durée ce modèle se révèle être désavantageux pour l’utilisateur et au contraire plus rentable pour Adobe. En effet, en 40 mois d’abonnements, soit 3 ans et 4 mois, on dépasse les 954 euros nécessaires à l’acquisition du logiciel en 2015. Mettons qu’un professionnel utilise Photoshop, InDesign et Illustrator pendant 20 ans, il devrait alors débourser 17 280 euros, soit 6 fois plus que s’ il avait acheté les logiciels. Un autre problème lié à cette hégémonie est le formatage de la création. L’utilisation globale des mêmes logiciels débouche fatalement sur une forme de redondance dans la création graphique et plus précisément dans le champ du design graphique.
[e]
Worms & Horses
Bonjour Monde
2019
[11]
Sophie Freto
Bricolage en design
2015
Le code, de par sa liberté et sa polyvalence, peut permettre de pallier à la majorité de ces contraintes et s’avère être un terrain privilégié pour le bricolage. Son principal avantage est sa facilité d’accès, on peut en effet coder à partir de n’importe quel logiciel de traitement de texte, bien que des éditeurs de code existent et facilitent grandement le travail. De nouvelles fonctionnalités sont fréquemment implémentées sur les différents navigateurs web amenant sans cesse de nouvelles possibilités. Le code possède également une grande versatilité avec de nombreux langages de programmations permettant de réaliser des choses diverses et variées. Il est ainsi possible de réaliser les mêmes tâches que sur InDesign ou Illustrator par exemple, grâce à du code.Paged.js par exemple permet de réaliser des éditions à partir de code. Il s’agit d’une librairie Javascript open source et gratuite, transformant sous forme de livret le contenue HTML, permettant ainsi de réaliser des éditions à partir de ligne de code. Ce projet est créé et développé par Adam Hyde, Julie Blanc, Fred Chasen et Julien Taquet. Malheureusement Paged.js n’est pas encore compatible avec tous les navigateurs web, à l’heure actuelle seul Chrome le supporte sans erreur. L’accent est ici mis sur la communauté, les développeurs prennent en compte les demandes des utilisateurs afin d’améliorer les fonctionnalités. Bien que cela soit techniquement plus complexe que de simplement utiliser InDesign, Paged.js permet de résoudre de nombreux problèmes évoqués précédemment nottamment la question de la location de l’outil de travail [e]. La librairie P5.js quant à elle permet de transporter le code dans une dimension graphique. Il s’agit encore une fois d’une librairie Javascript open source et gratuite, axée sur le codage créatif, permettant en quelque sorte de « dessiner » à partir de ligne de code. Le but ici est de rendre le code accessible aux artistes et aux designers, la collaboration et les idées des utilisateurs sont encore une fois écoutées afin d’implémenter la librairie. Il est ainsi possible d’utiliser des données tel que le son, l’image de la webcam, des données de localisation ou bien des données Bluetooth pour réaliser des projets, multipliant ainsi les possibilités. Les logiciels de la suite adobe sont compartimentés, InDesign sert à la mise en page, Photoshop la retouche d’image, Illustrator a l’illustration… Le code à l’inverse possède une forte interopérabilité. La majorité des langages de programmation peuvent être liés les uns aux autres, permettant une plus grande diversité de possibilités. J’ai ici abordé rapidement Paged.js et P5.js mais de nombreuses autres initiatives de ce type existent, on peut citer entres autres Bindery.js, OSP’s HTML2PRINT, Libriis, PDFutils, Node.js... Avec le numérique la panoplie du bricoleur augmente. L’accès à un outillage de pointe (ordinateur, commandes numériques, scanners 3D, programmes open source, etc) élargit le champ d’exploration et de recherche des designers. Si, malgré tout, l’habileté du bricoleur ne s’en trouve pas décuplée, ce sont néanmoins ses possibilités techniques qui s’étendent [11].
[f]
Tricodeur
Louis Eveillard
2015
[g]
Hektor
Jürg Lehni
2002
De nombreux designers se sont ainsi intéressés aux relations entre
numérique et physique, c’est notamment le cas de Louis Eveillard avec le
Tricodeur [f], réalisé en collaboration avec 2roqs et Sew&Laine. Il s’agit d’un
projet de détournement de machine à tricoter pour produire des motifs
générés avec du code. Ce projet permet de mettre en relation le tricot et
la programmation, liés par une histoire commune. En effet c’est le métier
à tisser Jacquard, précurseur dans l’utilisation de carte perforée pour
encoder un motif, qui a inspiré l’Analytical Engine, ancêtre des ordinateurs
modernes et première machine capable de mémoriser et d’exécuter un
algorithme dit algébrique. Son développement a nottamment mené à
l’émergence de l’informatique contemporaine.
Un autre projet est le robot Hektor crée par Jürg Lehni en
collaboration avec Uli Franke [g]. Il s’agit d’un dispositif de peinture, portatifet contrôlable par ordinateur. Le dispositif est assez simple, il est composé
de deux moteurs permettant le déplacement du robot, d’un câble sur lequel
il est fixé et d’une bombe de peinture. A l’aide de triangulation géométrique,
un logiciel déplace la bombe de peinture le long de trajectoire prédéfinie et
active la buse de la bombe pour reproduire le dessin choisi.
On pourrait également citer le Rocking knit de Damien Ludi et Colin
Peillex [h], The idea of tree de Katharina Mischer et Thomas Traxler [i],
What’s wind drawing ? de François Brument [j], l’Artisan électronique du
studio Unfold et Tim Knappen [k] ou bien encore Solar Sinter de Markus
Kayser [l].
[h], [i], [j], [k], [l] en annexe.
On a donc vu que design et bricolage sont liés, ce dernier se retrouvant aussi bien dans le champ de la production que dans celui de la création. Son rôle est principalement de venir pallier aux problèmes rencontrés, en venant développer des solutions nouvelles et innovantes. Il peut également venir critiquer la société de consommation à travers des alternatives aux moyens de production de masse. Le numérique a permis d’actualiser et de développer de nouvelles formes de bricolages, augmentant considérablement le stock du bricoleur/designer et permettant de sortir le designer de sa dépendance à certains outils. Il a également permis de donner naissance à des réalisations jouant avec la séparation entre numérique et physique. À notre état d’avancée technologique, le bricolage dans le design se limite au moyen de production et de créations. Cependant de nouvelles technologies apparaissent, permettant d’envisager de nouvelles applications. La bionique est l’une d’entre elle, à travers elle, le bricolage et le design pourraient connaître un nouveau terrain d’applications et pourraient venir intégré notre corps. On pourrait alors imaginer des projets à mi chemin entre numérique, physique et bionique. Des interactions directes avec notre corps seraient alors possible, des valeurs tel que le rythme cardiaque pourraient alors servir à faire varier un projet en temps réel. La réalité virtuelle permet elle aussi d’amener de nouvelles possibilités, elle permettrait de simuler des situations, espaces, objets normalement impossibles dans le monde réel. Enfin la démocratisation de l’imprimante 3D pourrait venir continuer de développer le mouvement du DIY et par la même occasion porter un grand coup au logique de production de masse, à travers l’auto production d’objets. En somme, l’importance du bricolage dans le design n’est pas prêt de décroître dans les années à venir, au contraire elle risque de se renforcer.
[e]
Worms & Horses
Bonjour Monde
2019
Invité au festival liminal,
Bonjour Monde a réalisé
l’atelier Worms & Horses
au cour duquel les
participants confrontaient
des comportements
de virus informatique à
leur propres pratiques
artistiques. L’ensemble
des propositions
est réunis dans une
publication imprimée
réalisé à l’aide de
Paged.js.
[h]
Rocking Knit
Damien Ludi et Colin
Peillex
2013
Cette chaise à bascule
transforme l’énergie
cinétique du balancement
en un mouvement qui
actionne une machine à
tricoter, permettant de
réaliser un bonnet en
laine.
[i]
The Idea Of Tree
Katharina Mischer et
Thomas Traxler
2008
Il s’agit d’une unité de
production autonome
alimentée par l’énergie
solaire. Elle produit des
objets simples (bancs,
bacs, bols ou lampes)
sur un procédé de
tissage de textile. La
forme des objets est
donc en corélation avec
l’ensoleillement. Plus de
soleil donne un produit
plus épais, plus grand et
plus clair, alors qu’avec
moins de soleil, il sera
plus petit, plus fin et plus
coloré.
[j]
What’s Wind Drawing ?
François Brument
2010
Sur un pupitre, plusieurs
hélices nous invitent à
souffler en direction d’une
table traçante. Seul ou
à plusieurs, le dispositif
transcrit et récompense
simultanément nos efforts
en créant des dessins
abstraits. Sur les murs,
des écrans analysent
en temps réel l’activité
de cette chaîne de
création. Des algorithmes
ouvrent et ferment des
portes, chaque paquet
de données circule d’un
écran à l’autre.
[k]
L’Artisan Électronique
Studio Unfold et Tim
Knappen
2010
Ce projet allie la
poterie à des procédés
contemporains de
captage numérique des
gestes et d’impression
3D. Le tour de potier
virtuel permet aux
visiteurs de « tourner »
leurs propres objets. Un
scanner 3D enregistre
leurs mouvements et, à
intervalles réguliers, il
lance une impression en
3D, réalisée à partir d’un
composé à base d’argile.
[l]
Solar Sinter
Markus Kayser
2011
Ici, Markus Kayser utilise
la lumiére du soleil ainsi
que le sable comme
matiére première afin
de créer des objets en
verres, en utilisant un
procédé d’impréssion 3D.
Pedro Rioux de Maillou
Les arts décoratifs et les machines
Revues des arts décoratifs
1895
Walter Benjamin
L’oeuvre d’art a l’époque
de sa reproductibilité technique
1955
Alexandra Midal
Design, L’anthologie
Éditions Cité du design
2013
Panagiotis Louridas
Design as bricolage :
Anthropology meet design thinking
1999
Claude Lévis-Strauss
La pensée sauvage
Éditions Plon
1962
Vilèm Flusser
Petite philosophie du design
Éditions Circé
2002
Wiliam Morris
Art et artisanat
Éditions Payot et Rivages
1889
Wiliam Morris
Les arts mineurs
1878
Sophie Fetro
Oeuvrer avec les machines numériques
Back office 1
éditions B-42
2017
Sophie Fetro
Bricolages en design
Techniques & Culture
2015
Julien Bidoret
Bricoles
2014
http://revue-backoffice.com/ numeros/01-faire-avec/sophiefetro- oeuvrer-machines-numeriques
http://ateliers.esad-pyrenees.fr/web/ pages/ressources/html2print
http://accentgrave.net/bricoles
http://pagedjs.org
http://prepostprint.org
http://p5js.org
http://nodejs.org/en
http://evanbrooks.info/bindery
http://osp.kitchen/tools /html2print
http://journals.openedition.org /tc/7577
http://kayserworks.com/# /798817030644
http://louiseveillard.com /projets/letricodeur
http://juerglehni.com/works/hektor
http://bonjourmond.net /#wormsandhorses
http://mischertraxler.com /projects/theidea- of-a-tree-process/
http://unfold.be/pages /l-artisanelectronique.html
http://strabic.fr/Francois-Brument
http://itsnicethat.com/articles rocking-knit
Bookend
Helmut Smits
2006
Worms & Horses
Bonjour Monde
2019
Tricodeur
Louis Eveillard
2015
Hektor
Jürg Lehni
2002
Rocking Knit
Damien Ludi et Colin Peillex
2013
The Idea Of Tree
Katharina Mischer et Thomas Traxler
2008
What’s Wind Drawing ?
François Brument
2010
L’Artisan Électronique
Studio Unfold et Tim Knappen
2010
Solar Sinter
Markus Kayser
2011
Anthropologie
nom féminin |
Désigne l’étude scientifique de l’homme, des groupes humains, sous tous leurs aspects, aussi bien l’histoire physique que la culture.
Sciences humaines et sociales
locution adjectivale |
Les sciences humaines et sociales sont l’ensemble des branches de
connaissances scientifiques qui
permettent de comprendre la façon
de vivre des hommes dans leur
environnement et leurs interactions.
Contingent
nom masculin et adjectif |
Événements susceptibles de seproduire ou non, rien ne justifiant leur nécessité.
Acception
nom féminin |
Sens particulier d’un mot.
Révolution industrielle |
L’expression « révolution
industrielle » désigne le processus
de changement rapide de l’industrie
qui a modifié en profondeur
l’agriculture, l’économie et la
société. Elle apparaît en Angleterre
à la fin du XVIIIe siècle avant de
s’étendre au cours du XIXe siècle au
continent européen et aux
Etats-Unis.
Hic et nunc
locution adverbiale |
Signifie « ici et maintenant ». Walter
Benjamin défini le hic et le nunc
d’une oeuvre d’art comme « l’unicité
de son existence au lieu où elle se
trouve ».
Utopie
nom féminin |
Idéal, vue politique ou sociale qui ne tient pas
compte de la réalité.
Consumérisme
nom masculin|
Mode de vie axé sur la
consommation et caractérisé
par une tendance à acheter
systématiquement de nouveaux
biens.
CapitalisME
adjectif |
Qui est propre
aux sociétés de système capitaliste,
qui est le produit de ce système.
Hégémonie
nom féminin |
Domination d’une puissance, d’un
pays, d’un groupe social, etc.,. sur
les autres.
Implémenter
verbe |
Ajout de nouvelles fonctionalités.
HTML (HyperText Markup Langage)
nom masculin |
Langage
de programmation utilisé pour la
création de pages web, permettant
notamment de définir des liens
hypertextes.
Javascript
nom masculin |
Langage de programmation qui permet
d’implémenter des mécanismes
complexes sur une page web.
Interopérabilité
nom féminin |
Possibilité de communication
entre deux ou plusieurs
systèmes, appareils ou éléments
informatiques.
Bionique
adjectif et nom féminin |
Qui concerne la biologie
et l’électronique. Étude des
systèmes biologiques à des fins
technologiques et industrielles.
Plugin
nom |
Outil composé d’un
ensemble de fichiers informatiques,
et qui permet d’installer des
nouvelles fonctionnalités en marge
d’un logiciel auquel il est rattaché.
On parlera parfois de module
d’extension ou de plugiciel pour le
désigner.